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Bure, la bataille du nucléaire



Je vous propose aujourd’hui la présentation d’un ouvrage intitulé « Bure, la bataille du nucléaire » de Gaspard D’Allens et Andrea Fuori publié aux éditions Seuil et La Pile, en partenariat avec Reporterre publié en octobre 2017.

Ce livre propose une réflexion prenante sur la questions du nucléaire en France et dans le monde. Y est également présentée une collection de récits et de témoignages des militants à différents degrés, allant de l’occupant autonome anti-nucléaire du bois Lejuc, à l’agriculteur opposé au projet pour la préservation de ses terres.

Déjà il nous permet de comprendre ce qu’est CIGEO.

CIGEO (Centre industriel de stockage géologique, remarquez que le nom du projet ne comporte ni le mot « radioactif », ni le mot « déchets », ni le mot « nucléaire »...) est un centre de stockage industriel géologique de déchets radioactifs de moyenne activité et haute activité à vie longue (dans le jargon, HAVL, MAVL). Par exemple, le plutonium a une demi-vie 24110 ans. Cela signifie qu’il faut attendre plus de 24 000 ans avant que la radioactivité ne décroisse de moitié. Pour celle et ceux qui ne le savent pas encore, l’objectif de CIGEO est d’enfouir les déchets nucléaires dans 265 kilomètres de galeries taillées dans l’argile à 500 mètres sous terre. (Remarquons qu’au bout d’1.2 km de creusage de tunnel seulement, un éboulement dans la galerie a tué un ouvrier de l’entreprise Eiffage, David Viarre. Paix à son âme).

Au travers de ses lignes, ce livre retrace également une histoire du nucléaire en France, en commençant par la course à l’armement nucléaire. En 1958, la France construit le premier réacteur nucléaire à Marcoules, dans le Gard, pour fabriquer du plutonium ( le composant principale de la bombe atomiquee). Les déchets sont directement relâchés dans l’Atlantique, jusqu’en 1974. On parle alors de plus de 100 000 tonnes de déchets radioactifs.

Nous pouvons aussi être témoins de la violence et de la puissance du lobby nucléaire, qui n’hésite pas à user de tous les stratagèmes pour arriver à ses fins. Pressions psychologiques, corruption à coup de millions, (via notamment le détournement des enveloppes GIP Haute Marne et Meuse = Groupement d’intêret publics), chantages aux agriculteurs, propagande et expérimentation sémiologique (étude des signes linguistiques) et anthropologique (étude des cultures liées à une population).

Fort des guerres idéologiques passés, comme à Notre Dames-Des-Landes ou Plogoff (à ce sujet on vous conseille le très bon documentaire, « Des pierres contre des fusils », qui relate la lutte des bretons contre l’installation d’une centrale à Plogoff et qui s’est soldé par une victoire !), le gouvernement n’a pas voulu sur un projet aussi périlleux, prendre de risques, et a donc en amont effectué des études minutieuses des populations et des points de résistances. (Il y a eu plusieurs lieux envisagés pour ce projet notamment à Bourg D’Iré dans le Maine et Loire à une dizaine de kilomètre du Lion D’Angers).

Mais ce livre témoigne également des initiatives de luttes qui ont émergé contre ce projet. La construction de la maison de la résistance (lieu de rassemblement au plein coeur du village de Bure, de vie et d’organisation de la lutte contre CIGEO), l’occupation et la réquisition de terrains convoités ou acquis par l’ANDRA (Agence national pour la gestion des déchets radioactifs), le démantèlement du mur érigé dans le bois Lejuc et les occupations de la forêt à deux reprises. Le livre relate également l’installation de maraichers, d’agriculteurs bio, d’artisans boulanger qui permet d’entrevoir un avenir radieux pour la zone (et non radioactifs comme le voudraient les nucléaocrates de tout poils).

Ce livre est aussi un cri haut et fort contre le modèle capitaliste, et appelle à la mobilisation contre un système, qui maintenant, témoigne de son obsolescence.

PS : Pour des documentaires et ressources vidéos sur le sujet on vous conseille aussi le lien suivant https://bureburebure.info/videos/

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