Analyse et Histoire Zone A Défendre / Autonomie

ZAD de l’orchidée [communiqués]



La ZAD de l’Orchidée, située à Haget dans le Gers/Occitanie a partagé en janvier 2023 un communiqué sur la situation de la Zad et des raisons de son existance. Puis en avril un communiqué de fin d’occupation. Nous vous partageons ici les deux communiqués. Les problématiques rencontrées semblent ne pas être des évènements spécifiques à cette ZAD et peuvent au contraire re-questionner nos luttes d’ici et d’ailleurs sous toutes ses formes. Bonne lecture à tous.tes.

Communiqué de janvier 2023. Les raisons d’existence de la ZAD de l’orchidée.

Nous avons remarqué vos interrogations à propos de la ZAD de l’Orchidée : Pourquoi des zadistes se battent contre des panneaux solaires ? Iels ne devraient pas plutôt être pour ? Dans le cadre de la transition énergétique, ça paraît contradictoire ! Certain.e.s d’entre vous ont hésité et hésitent toujours pour venir nous soutenir. Nous tenions à vous expliquer pourquoi nous avons pris la décision d’occuper les lieux et de résister face à l’agrivoltaïsme.

Nous partons d’un constat : si le gouvernement met en place une pseudo-transition énergétique c’est qu’il y trouve un intérêt. Notamment dans le système capitaliste, l’intérêt c’est le pognon.
Nous ne croyons absolument pas que lui-même, le gouvernement va mettre en place une politique radicale pour arrêter de voir notre planète et ses individu.e.s, animaux, humain.e.s et non-humain.e.s, comme des marchandises... au contraire !
Plus il y a de COP et de sommets pour le climat, plus la fatalité s’impose à nos yeux. Nous ne voulons pas laisser le peu de nature qu’il nous reste, être ravagé par des structures visant à soi-disant sauver la planète.

La contradiction pour nous ?

Le greenwashing c’est lorsque, le plus souvent une entreprise grande pollueuse, verdit son image. C’est à dire, qu’elle se sert de l’écologisme pour paraître éthique aux yeux du grand public. Ce n’est que de l’écologisme de façade, comme par exemple l’entreprise coca-cola (entreprise la plus polluante au monde) qui sponsorise la dernière COP en Egypte. L’Etat peut le faire aussi en créant un ministère de la transition écologique. Une nouvelle porte pour les industriels. Ceux-ci, avec l’aide du gouvernement se sont accaparé la question et en on fait un commerce.

Notre lutte

À Haget, dans le Gers et dans le sud ouest, on voit de plus en plus fleurir des projets dans le cadre de cette transition, mais arrêtons nous à la manière dont ces projets sont mis en place, et sur quel type de terre.

À Haget, nous défendons 9 hectares de terres classées ZNIEFF (Zone Naturelles d’Intérêts Écologique Faunistique et Floristique) C’est terres ont été déclassées en friche par le maire afin de pouvoir les louer en toute impunité à CAP vert énergie. C’est terres sont le refuge de nombreuses espèces : milan royal, papillons maculinea, salamandres, tritons, chauve souris et d’autres faunes cohabitent paisiblement. Elle abritent également plusieurs arbres centenaires et orchidées sauvages.

Mais malheureusement, quand bien même 9ha c’est beaucoup, ce n’est rien aux 100 à 200 000ha de terres que le ministère de la transition souhaite couvrir. Cela représente l’équivalent des départements de l’Essonne ou des Yvelines. C’est pourquoi le projet de loi relatif à « l’accélération de la production d’énergie renouvelables », en cours de discussion à l’ensemblée, détourne habilement l’attention en mettant en avant « l’agrovoltaîsme ».

L’agrovoltaÏsme c’est quoi ?

C’est un nouveau concept, venant des industriels. Un terme marketing visant à faire croire que des panneaux vont entrer en « synergie » avec l’agriculture et l’aider à devenir résiliente face au changement climatique. L’idée pour elleux est de louer des terres à des mairies et plus souvent à des agriculteurices dans l’idée d’y implanter des centrales de panneaux photovoltaÏques ; Les agriculteurices visé.es sont souvent les plus précaires et donc n’hésitent pas à louer leurs terres pour rembourser les crédits liés à leur exploitation agricole. Cette situation de précarité et d’endettements est causée par le système agricole capitasliste qui prétend amener des solutions avec l’agrovoltaïsme.

Capitalisme Vert

Sur le site de Cap Vert Energie, nous pouvons voir écrit :
CVE développe, finance, construit et exploite des installations de production d’énergie solaire à valeur ajoutée d’usage, pour les exploiter dans la durée. Il peut s’agir : de centrales au sol, par exemple sur des sites pollués, des friches industrielles désafectées, des CET (Centre d’Enfouissement Technique), d’anciennes carrières, des délaissés routiers ou ferroviaires, oud es zones soumises à un PPR (Plan de Prévention des Risques) à qui nous donnons ainsi un usage ou une deuxième vie au service de l’environnement.

Premièrement, le site de la future centrale de panneaux photovoltaïques d’Haget ne rentre pas dans ces critères.
Deuxièmement, la logique capitaliste veut que l’on exploite à tout prix chaque endroit délaissé par l’humain.e. Pour elleux, des terres sans activités humaine, sont des terres perdues, qui ne servent à rien, et doivent donc être exploitées pour rapporter du profit. À leurs yeux, la nature n’a pas de droits, pas d’utilité d’existance sans l’humain.e, et ne mérite pas d’exister tout simplement.

Ce système ultra-libéral est voué à sa perte, rien ne sert de le tenir sous perfusion. Pensons autrement, et organisons-nous pour faire face aux enjeux climatiques, concrètement et intelligement.

Nous sommes entré.e.s dans une periode de grande instabilité concernant notre résilience alimentaire, les sols fertiles sont de plus en plus rare, les boulversements climatiques rendent nos cultures incertaines et devient primordiale de conserver les terres vivantes qu’il nous reste afin de permettre à la population de se nourrir dans le présent et le futur. A l’heure actuelle, nous ne pouvons plus nous permettre de perdre le moindre hectare agricole ou forestier, c’est un euestion de survie, toout simplement. L’erreur est urbaine, corrigeons la.

Deuxième communiqué avril 2023 : on fait un point sur la ZAD

C’est le coeur lourd que nous vous annonçons la décision de mettre fin à la ZAD de l’Orchidée. Ce choix ne s’est pas fait sur un coup de tête ni suite aux décisions de Darmanain, encore moins à la repression de plus en plus forte de l’État. Tout ces éléments au contraire auraient eu tendance à nous mobiliser d’avantage. Non, ce n’est pa snon plus parce que CAP Vert Énergie a abandonné son projet... Rien de tous ça. Les problèmes sont les SFH (Saleté de Facteur Humain), les comportements oppressants et le sexisme de quelques personnes (mascus), qui depuis le retour des camarades des bassines ont pris une ampleur infernale, malaisante et même dangereuse. Le mois de mars a été pour nous une réelle expérience enrichissante.

La ZAD a réussi à s’organiser et à créer des choses superbes, beaucoup d’entre nous on appris. L’ambiance d’un collectif constructif et bienveillant se faisait ressentir, qui ne pouvait qu’induire de bonne chose pour la suite de la lutte. C’est pour cela que nous avons communiqué la date du 29 avril comme date d’occupation réelle du lieu. Car jusque là, rappelons-le, nous avons squatté un terrain privé collé à la zone à défendre. En tentant de construire cabanes, potager, verger sur le terrain. Cela a été fait et à de nombreuses reprises les flics les ont démonlis, via le psig notamment. Le mot est passé que l’Orchidée était un chouette lieu de lutte et qu’il se passait des choses constructives. Et cela sans mensonges car c’était vraiment le cas.

Venons-en aux faits :

La présence féministe et alliée faisait taire de façon naturelle la présence masculiniste et dangeureuse de certaines personnes, le nombre changeait la donne.

Suite aux retours des camarades partis risquer leur vie à Ste-Soline, beaucoup de personnes ont pris en toute légitimité des vacances pour prendre un peu l’air. Nous étions donc beaucoup moins nombreux.ses et nous ne pouvions pas faire face et gérer les comportements oppressifs et violents des personnes au tempérament dominant qui revenaient en trombe suite au départ de personnes moteurs qui dénonçaient ces agissement. Sans oublier la détresse psychologique dans laquelle nous étions suite à l’évènement contre les bassines. Il n’y a eu aucune considération ni prise de conscience de cette détresse, malgré les tentatives de discussions et déchanges pour améliorer les conditions de vie initiées par le victimes de ces agissements. Blagues sexistes, propos anti-organisationnels et foutage de gueule permanent étaient maîtres sur zone. Plusieurs violences physiques ont égalemennt été commises sur le lieu, notamment par une personnes, souvent liées à l’alcool et à des problèmes personnels qui venaient en mettre à mal la lutte. Manipulation et relations extrêmement toxiques ont également été constatées. Tout ça en une semaine, mais aussi avant le fameux mois où tout se passait bien.

Cette décision d’arrêt de cette zone à défendre a été prise consciencieusement et de manière anti-autoritaire en prenant compte de l’avis de toutes les personnes qui s’investissaient pour l’orga et la bien-gérance de ce lieu de lutte. Nous trouvons que ce lieu (et par là, on veut dire des personnes) est dangeureux. Et nous ne voulons pas que d’autres personnes se retrouvent confrontées à des violences ou donnent davantage d’énergie à essayer de gérer ces comportements. Si il y avait 300ha à défendre, on en reparlerait peut-être...

Les cabanes sur le terrain privé vont être démontées pour éviter au propriétaire de recevoir des amendes et de la répressions (suite à sa demande que nous avons reçue par mail). Nous ne prenons pas l’arrêt de cette ZAD comme un échec. Nous resterons déterminé.es et radicaux.ales dans nos idées et nos actions.

Nous avons appris que nous étions sur la liste du ministère de l’intérieur. On en ricane. Cette tentative d’intimidation ne nous fait nulle peur et nous invitons ce violeur de Darmanin ainsi que les gouvernements criminels qui se surpassent de jour en jour à faire gaffe à leurs fesses. Car c’est bien nous-même qui décidons de ce qui est bon pour nous. Nous appelons à la création de communes autonomes et à continuer la lutte.

On se retrouvera sur d’autres lieux !

Bisou, la ZAD de l’Orchidée.

À lire aussi