Un slogan provocateur, rapidement occulté, est apparu dans la matinée du vendredi 11 juin sur Angers : « CLIMAT FACHO, MAIRIE COLLABO ? » Il a été lu sur des affiches, tagué en grand au niveau des berges, entendu lors de la Marche des Libertés du 12 juin, et de nouveau affiché le 28 juin. Impertinent ? Maladroit ? Justifié...? Quoiqu’on en pense, le fascisme angevin connait désormais un écho national, et un appel d’urgence est lancé.
L’immonde se répand
Angers est devenu une tribune pour l’extrême droite qui ne cesse de répandre ses idées nauséabondes. Ces derniers temps, les démonstrations de leur influence se sont multipliées : croix celtiques sur un pan du mur de berlin, attaques de l’Étincelle, passage à tabac pour un sticker... De trop nombreuses douceurs angevines qui provoquent l’indignation des angevin·es et des tensions qui se cristallisent autour du bastion fasciste local : l’Alvarium.
L’association identitaire sévit depuis déjà quatre ans dans la ville. Elle se définit elle-même comme un « centre communautaire d’actions sociales et culturelles ». Derrière cette image proprette se cache, à peine, un lieu de rassemblement et de diffusion d’idées d’ultra-droite. Son porte-parole petit chef, se nomme Jean-Eudes Gannat, fils de Pascal Gannat, l’ancien patron du Front National (FN) à la région Pays de la Loire. Comme papa, Gannat le jeune aime participer à des élections, sans succès heureusement...
D’abord dégagé de l’avenue Pasteur en 2018, le local fasciste est désormais situé en plein centre ville, rue du Cornet. Non loin, les fascistes angevins louent une salle de sport où ils peuvent exercer leur prédisposition à la violence.
Comment peuvent-ils évoluer ainsi en toute tranquillité ? Grâce à des soutiens bien nés, bien placés, qui les protègent au moyen de locaux privés :
Les fascistes angevins dans l'impasse
Le nouveau local "spécial bagarre" des fascistes de l'alvarium, et leurs soutiens parmi les notables locaux.#angers pic.twitter.com/Z7HhOeQEid— RAAF (@raaf_angers) March 22, 2021
Les fachos peuvent donc diffuser leurs idées en toute impunité, un sentiment affiché quand il s’agit de se justifier auprès d’une justice complaisante. Les affaires impliquant l’Alvarium et ses membres sont nombreuses, en voilà quatre récentes qui sont en cours, mais aussi une escroquerie avec l’affaire Comunotec qui implique leur petit chef.
Ces derniers mois, la fachosphère angevine s’enorgueuille de sa main mise sur la ville, notamment via la plateforme néo-nazie "ouest casual" où elle se met en scène pour glorifier ses "exploits". On y retrouve, entre autres, une charmante photo du "mystérieux" groupe "Angers Nationaliste" où ielles posent, symboles nazis à l’appui, avec le matériel volé lors de l’attaque de l’Étincelle en janvier 2021. Le même média a été utilisé pour diffuser les images du pseudo squat de l’Alvarium en septembre 2020. On ne peut ignorer l’association des idées véhiculées par ce média, ni que les posts de la fachosphère angevine comportent une certaine similitude...
Une Mairie pernicieuse
Christophe Béchu est le maire d’Angers depuis 2014, il a donc assisté directement à l’escalade du fascisme au sein de la ville. Pour autant, il peine à affirmer son opposition au groupuscule fasciste, et préfère rejeter les extrêmes dans leur ensemble. Suite à l’attaque nazie de l’Étincelle en janvier, la ville n’a pas communiqué. Interpellé sur cette situation lors d’un conseil municipal, la réaction du maire s’avère plutôt équivoque :
Extrait d’un article de Ouest-France paru le 26/01/2021 :
Face aux reproches, Christophe Béchu tente de déminer. Assure vouloir « remettre les choses dans leur contexte ». La réaction tardive ? Il s’agissait de « ne pas céder à la dictature de l’instant ». La plainte déposée par l’association seule ? « J’ai donné instruction pour que la Ville porte plainte vendredi. » Dix jours après l’Etincelle, et encore deux jours après la révélation du caractère néonazi de l’attaque.
Le maire assure refuser de « tout mettre sur le même plan : des gens qui défilent légalement contre la PMA d’un côté, et des saluts nazis de l’autre ». En revanche, il n’hésite pas à dresser un parallèle entre « ceux qui soufflent sur les braises de la haine raciale, et ceux qui le font sur ce qui a conduit à des millions de morts à l’est de notre continent », sans indiquer précisément qui serait concerné. [...] l’Etincelle, rappelle le maire, a reçu il y a plusieurs mois son congé pour juillet du local que lui prête la Ville. « Il n’y a aucun lien de cause à effet avec ce qui vient de se passer », indique le maire, argumentant sur le caractère « politique » de l’association. Le timing, quoi qu’il en soit, fait office de double peine.
L’Étincelle était un local associatif autogéré ouvert en 1997 sous convention d’occupation avec la mairie. L’association a annoncé sa fermeture par un communiqué paru sur son blog le 22 avril dernier.
Depuis des années, la municipilaté refuse de prendre fermement position contre l’Alvarium. Elle apporte ainsi la confusion, alimente les tensions et favorise la montée du fascisme local... qui s’est d’ailleurs empressé de s’attribuer le mérite de cette fermeture...
L’Anjou, un terreau pour l’utra-droite
Le livre-enquête La Poudrière [1] alerte sur le retour de l’ultra-droite et consacre plusieurs pages au terrain propice que lui offre l’Anjou : "Des observateurs - avocats, journalistes, éducateurs et policiers - décèlent une conjonction entre plusieurs phénomènes récents : une opposition politique et citoyenne à l’Islam comme au mariage pour tous, l’influence croissante de groupes religieux extrémistes au sein de la communauté catholique traditionnelle, l’existence d’écoles primaires et secondaires hors contrat."
Une observation partagée par Danièle Sallenave, originaire d’Angers et membre de l’académie française, qui "pointe un glissement local vers la droite dure la plus intolérante, à qui la lutte contre le mariage pour tous a offert une cause commune."
Dans ce livre, il est fait état d’un Anjou profondément ancré à droite, aux valeurs catholiques traditionalistes. La ville d’Angers est mise à l’honneur, elle a été le théâtre de pénibles démonstrations de son enracinement à droite de la droite. L’animosité exprimée par la Manif pour tous, lors du passage de Christiane Taubira en 2013, symbolise un basculement :
D’autres douceurs angevines sont évoquées, l’union des droites en 2018 (photo de famille ci-dessous), puis bien sûr l’Alvarium et notamment son petit chef, Jean-Eudes Gannat, dont une citation ouvre le chapitre angevin : « Ce serait vraiment inconséquent de ne pas appliquer la préférence nationale. »
Une municipalité de droite... très àdroite
Depuis 2014, la municipalité angevine se compose de divers degrés de droite. On y retouve notamment deux adoints proches de la Manif pour tous avec Roch Brancour et Maxence Henry. On constate des prises de position, ou décisions, ancrées à l’extrême-droite sous couvert d’une communication lissée, bien maîtrisée.
Commençons par l’homophobie. En 2016, Christophe Béchu fait retirer des affiches d’une campagne de prévention contre le VIH... Alors que la loi sur le mariage pour tous est promulguée depuis trois ans, cinq élus refusent de célebrer des mariages entre couples du même sexe...
La position de la municipalité en matière d’immigration et d’aide aux plus précaires ? Ne rien faire et repousser la misère loin du centre ville, à l’abri des regards. Une déclaration résume bien cet état d’esprit : lors du conseil municipal d’Angers Loire Métropole de 12 février 2019, il est question du 115 saturé, de migrant·es et autres délaissé·es sans hébergement d’urgence. Marc Laffineur, alors vice-président du conseil, use d’une réthorique d’extrême-droite en déclarant « faire attention à ne pas créer un appel d’air. » Une consigne religieusement appliquée, le 115 ne dispose même pas de sanitaires...
Abordons la thématique sécuritaire : Angers, "la ville connectée" est l’une des plus vidéo-surveillées de France. Récemment, la Quadrature du Net a rendu public un extrait du volumineux « Programme fonctionnel » du « marché global de performance territoire intelligent » d’Angers Loire Métropole. Cet appel d’offre propose notamment de tester « la reconnaissance faciale, dans le cadre d’une expérimentation ». Observons qu’une personne suspecte porte « un sac à dos, un bermuda, une barbe » et pas une raie sur le côté ou un blouson Stone Island...
Evoquons enfin la dérive identitaire. La Ville a permis l’installation de l’école privée hors contrat Le Gouvernail, qui appartient au réseau réactionnaire Espérance banlieues de mouvance catholique traditionaliste. De quoi faire jubiler l’adjointe au Maire, Karine Engel, qui s’est récemment émue dans un tweet à la vue d’enfants, main sur le coeur, pendant la levée du drapeau...
Des angevin·es mobilisé·es
On peut commencer par remercier la veille du RAAF évidemment. Mais également saluer tous les militant·es et citoyen·nes qui, décollant les affiches des fafs, recouvrant leurs stickers, taguant leur local, participant aux rassemblements et aux manifestations, ou simplement dans leurs discussions, sont impliqué·es dans la lutte contre le fascisme.
Basse-chaine.info a été créé en réponse au besoin de visibiliser les luttes, nécessaires à l’amélioration de notre société, dans une ville qui ignore trop l’injustice sociale et ses dérives. Hasard du calendrier, un de nos premiers articles annonce la fermeture du premier local de l’Alvarium rue Pasteur.
Depuis sa création l’association identitaire est l’objet d’une mobilisation importante et pacifiste d’associations, syndicats, organisations politiques et collectifs pour appeler à sa fermeture et à l’implication de la municipalité.
La Ville persiste à minimiser la situation et constate, lors de la manifestation antifa du 22/09/2018, les conséquences de son inaction. Si les dégats provoqués sont loin de faire l’unanimité parmis les militant·es, la première fermeture de l’Alvarium interviendra peu après cette journée. Doit-on en conclure qu’il faut forcément en passer par là pour être entendu·es des pouvoirs publics ?
Depuis, l’Alvarium est enraciné rue du Cornet, la municipalité n’a pas changé de ligne, et donc les tensions persistent. Les manifestations se multiplient : antiraciste, gilets jaunes, lgbt, féministe, sans papier, climat, pma pour toutes, droit au logement... Souvent, elles convergent vers le bastion fasciste, et se ponctuent par un face à face avec la police qui protège systématiquement le local. Le message des manifestant·es est clair : fermer l’Alvarium.
Samedi 30 janvier 2021 : les tensions montent d’un cran
La Manif pour tous choisit Angers pour son rassemblement régional malgré un contexte très tendu. La seconde attaque de l’Étincelle, revendiquée par les néo-nazis, a eu lieu le 11 janvier. La Grande Ourse, lieu autogéré réquisitionné, a été expulsée le 21. C’est confirmé, les intolérant·es sont à leur aise sur Angers.
Une Manifestation au soutien de la PMA, contre la Manif pour tous et contre l’extrême-droite, est prévue par le centre LGBTQI+ Qasar, qui rejoint l’appel de l’Étincelle, pour faire « face au silence incompréhensible du maire d’Angers et face à ces événements locaux inacceptables ». La presse prévoit des tensions, le préfet et le maire craignent des débordements... Ils appellent conjointement au calme pour « que les Angevins puissent accéder aux magasins en toute sécurité ». On reconnait bien là leur sens des priorités...
La manifestation pro PMA réunit 900 personnes, on part de la place du Ralliement pour se diriger vers le tribunal d’Angers. La marche reprend pour descendre la rue du Mail, la tête de la manif suit l’itinéraire prévu et tourne rue Chevreul. Incompréhension de quelques manifestant·es, qui souhaitent continuer tout droit. La rue du Cornet, où règnent les identitaires, n’est plus très loin. Certain·es se mettent à accélérer et exhortent les autres manifestant·es à les suivre. Un petit groupe se forme, clairsemé, désorganisé, puis c’est la stupeur : pas un flic à l’horizon, la voie est libre... et de l’Alvarium, sort la milice fasciste :
Incompétence préfectorale ? Jusque là, à chaque manifestation, le bastion fasciste était protégé. Alors, comment expliquer cette absence ? Curieusement, la presse ne s’en est pas fait l’écho...
On peut se réjouir qu’il n’y ait pas eu de blessé·es. Il n’y a pas eu d’affrontements directs, seulement des jets de projectiles. Puis la BAC est finalement arrivée pour défendre les fascistes, rapidement appuyée par les CRS.
Un sticker et 5 personnes tabassées plus tard... une renommée nationale !
Dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 mai, un sticker a été collé sur un volet du local de l’Alvarium. Face à cette violente provocation, une quinzaine de fafs sont sortis pour en découdre. Bilan : cinq personnes tabassées dont deux hospitalisées.
L’Alvarium justifie sa violence le 23 mai par un tweet évocateur :
Une affaire de plus, mais cette fois des médias nationaux s’en emparent. Un article de Libération est paru le 23 mai, puis la télévision s’est emparée du sujet avec la venue de Quotidien à Angers.
Les fafs forment une milice qui fait sa loi dans la rue, au détriment de leurs voisin·es dont les plaintes auprès de la Ville sont ignorées, voire méprisées...
Extrait d’un article du Ouest-France paru le 27 mai :
Ce « collectif pacifique » des riverains de la rue du Cornet tente d’« alerter la mairie ». La pétition a été remise début février à la police municipale. L’adjointe au maire en charge de la sécurité Jeanne Behre-Robinson n’est « pas au courant ». Après une réaction épidermique au téléphone, lors de laquelle elle évoquait « des nuisances comme ailleurs dans la ville », elle s’est fendue d’un SMS plus mesuré. « Nous avons eu et avons des échanges avec les riverains. Je comprends leur lassitude. Nous sommes à leur écoute et en vigilance pour ce qui relève des pouvoirs du maire. Les services de la Ville sont en contact avec la préfecture pour prévenir les troubles à l’ordre public, s’assurer du respect des règles du couvre-feu ou la réglementation des établissements recevant du public. » Manifestement perfectible.
Trois des membres de l’Alvarium ont été placés en garde à vue le 15 juin, tous ont reconnu leur participation à des violences en réunion, ils ont été jugés dès le lendemain.
Parmis eux figure François-Aubert Gannat, le petit frère de Jean-Eudes, qui a déjà été condamné pour violences et insultes racistes, puis relaxé pour une erreur de procédure dans une autre affaire d’insultes. En raison de TIG non effectués suite à sa précédente condamnation, il est incarcéré pour 13 mois.
Selon le RAAF, on retrouverait aussi un des pilers de l’Alvarium : Baudoin le Nalio. Il serait également impliqué dans une autre affaire de violences à Orléans. Un charmant personnage :
Bientôt la dissolution de l’Alvarium ?
Enfin, le maire d’Angers Christophe Béchu et la préfecture de Maine et Loire appellent à la dissolution du local fasciste angevin ! On aimerait que cette phrase soit une réalité, mais ce n’est toujours pas une priorité pour les pouvoirs publics. Pourtant, au sein de la municipalité angevine, des élus de l’opposition ont réitéré cette demande pendant des années, sans succès...
Le lundi 24 mai 2021 le député LREM EELV Matthieu Orphelin, en mal de publicité pleine campagne pour les élections régionales, surfe sur le buzz. Il annonce en grande pompe demander la fermeture administrative de l’Alvarium au sinistre de l’intérieur Gerald Darmanin. Presque une semaine avant les élections, huit députés LREM suivent le mouvement...
Plusieurs groupuscules d’extrême droite ont été dissous ces dernières années : Bastion Social en 2019, Génération Identitaire en février dernier... L’Alvarium devrait finir par suivre, petit chef Gannat s’en émeut dans une interview accordée au média fasciste breizh-info. Il témoigne de la présence d’un individu masqué, qui prenait beaucoup de photos, lors des dernières perquisitions de la gendarmerie à l’Alvarium et chez certain·es de ses membres. Selon petit chef : « cela ressemble fort à une tentative de constitution de dossier de dissolution ».
La fermeture du local identitaire serait un premier pas vers la désescalade des tensions qui agitent la ville d’Angers. Toutefois, nous ne sommes pas dupes, le terreau propice qu’offre l’Anjou aux idées fascistes demeure. Petit chef en est bien conscient et déclare, toujours dans le même torchon : « Dans le mot « dissolution », il y a « solution » ; nous en avons déjà étudié suffisamment pour être assez sereins quant à la suite… ».
12 juin : la place du Ralliement aux fascistes
Le samedi 12 juin, trois rassemblements sont prévus place du Ralliement : La seconde édition du village des luttes, du Collectif Angevin de Convergence des Luttes, « pour un monde véritablement démocratique, social et écologique » de 10h à 14h ; le rassemblement d’extrême droite de « Via, la voie du peuple » et des « Patriotes », de 12h30 à 15h30 ; l’Appel pour les libertés, contre les idées d’extrême droite, à 14h30. Ajoutons la présence de l’ancien premier ministre, Édouard Philippe, qui a une séance de dédicaces dans la matinée...
Le 17 avril, un rassemblement d’extrême droite a réuni 80 personnes, dont quelques membres de l’Alvarium. Une vingtaine d’antifas se sont mobilisés autour d’une banderole : « Le fascisme est un poison, soyons l’antidote ».
Ce précédent a alerté les médias qui prévoient des tensions pour le 12 juin. Seulement deux jours avant les "festivités", le préfet décide de prendre des mesures : annulation du village des luttes et déplacement de l’appel des libertés au jardin du Mail.
Depuis le blog du cercle49, Le Collectif Angevin de Convergence des Luttes réagit : « Demain samedi, sur la place du Ralliement, le pouvoir préfère laisser résonner les invectives réacs et xénophobes de partis d’extrême-droite plutôt que de laisser place aux prises de parole humanistes, sociales ou écologiques de la quinzaine d’organisations locales qui appelaient à se retrouver joyeusement au sein du Village des luttes 2. »
Pour le NPA49 : « La préfecture a donc choisi son camp. Le choix n’est pas surprenant mais c’est une nouvelle atteinte insupportable à la liberté de manifestation et d’expression sur la voie publique, que le NPA49 condamne vigoureusement. »
Le maire d’Angers Christophe Béchu reste fidèle à son discours et renvoie dos à dos les deux manifestations. Pour lui, le plus important, c’est « que la préfecture refuse systématiquement la place du Ralliement » aux manifestant·es. Ce qui reviendrait à invisibiliser tout mouvement contestant sa politique, pratique...
Finalement, le rassemblement de l’extrême droite n’aura réuni qu’une vingtaine de personnes... Pendant que 750 manifestant·es ont répondu à l’appel des libertés et notamment réclamé, encore, la fermeture de l’Alvarium. La marche s’est déroulée sans incident, la dissolution à venir y est probablement pour beaucoup. Les angevin·es restent patient·es, mais pour combien de temps ?
« ICI ON CULTIVE LES DIFFÉRENCES »
La situation devient tellement insupportable que des commerces, institutions culturelles et associations angevines ont décidé d’afficher l’évidence au moyen d’un logo, accompagné d’un manifeste. On salue cette récente initiative qui vient contrebalancer la complaisance de la municipalité.
"Une image, un logo, pour rappeler l’essentiel : que nous portons toutes et tous en nous la différence, et que composer un corps social harmonieux et durable passe obligatoirement par l’ouverture et l’acceptation de l’Autre. Sans l’Autre, sans cette altérité qui commence à la lisière de notre peau, qu’existe-t-il hormis la duplication éternelle et morne de notre propre image ?
L’Autre est un horizon, la promesse d’un mouvement, celui qui permet de sortir de soi, et par là même d’arpenter les possibles. Ce mouvement est nécessaire à une société pour se pérenniser : flux, initiatives, pensées, échanges conditionnés par l’assurance qu’en face de soi ne se trouve pas un mur mais un chemin.
Alors que s’élèvent à Angers des voix discordantes et nauséabondes appartenant à un autre siècle, que l’on relève de plus en plus d’exactions prenant leurs racines dans des idéologies féroces dont les atrocités ont marqué à jamais l’histoire contemporaine, il nous semble urgent, à nous qui animons chaque jour notre ville - commerces, institutions, lieux culturels, associations... - de rappeler par ce manifeste que l’accueil et l’ouverture à la multiplicité est un fondement inaltérable de nos activités.
Il s’agit ici, et par l’estampillage de ce logo sur nos vitrines - réelles ou virtuelles - de faire acte de citoyenneté, au-delà de toute couleur politique ou mouvement partisan. Il s’agit d’élever plus haut la voix de l’empathie, du partage, du respect, et d’affirmer avec cœur qu’Angers est une ville accueillante et plurielle."
Vous aussi, vous sentez la merde arriver ?
La montée de l’extrême droite en Anjou est le reflet de celle observée à l’échelle nationale. Pour servir leurs ambitions électorales et maintenir « leur monde », les politiques carriéristes ont peu de scrupules à favoriser les discours haineux. Ils sont propagés par Cnews ou la propagande de Valeurs Actuelles, que Macron qualifie de « très bon journal » ; ils gangrènent le débat public sur fond de grand remplacement, d’appel d’air ou d’islamogauchisme...
Pour se maintenir, le Pouvoir invisibilise les luttes et les initiatives émancipatrices. C’est la fermeture de l’Étincelle, l’expulsion de la Grande Ourse, la décision préfectorale du 12 juin... Pour se faire respecter, le Pouvoir use et abuse de l’outil répressif. C’est le RIO, une dizaine de personnes expulsées par une soixantaine de flics ; les gilets jaunes qui comptent leurs 2500 blessés ; la free party de Redon, des centaines de grenades lancées sur des teuffeurs qui désirent juste danser...
Une dérive autoritaire et identitaire qui alerte le quotidien allemand Handelsblatt, l’équivalent du Monde ou des Échos chez nous, sur la montée du fascisme français. En alimentant la confusion générale, Macron et Béchu participent à la sur-représention de la Génération Hate et de son idéologie abjecte qui se rapproche du Pouvoir. Un Pouvoir auprès duquel notre cher maire se plait tant à s’afficher...
Pendant sa séance de dédicaces du 12 juin sur Angers, notre ex-premier ministre a accordé quelques mots à la mielleuse Christina Brun pour le Ouest-France. On ne résiste pas à vous partager la photo de présentation de cet article, avec son commentaire rempli d’objectivité, cherchez l’erreur :
Extrait de l’article de Christina Brun paru le 13 juin :
Entre deux signatures, de son dernier livre intitulé « Impressions et lignes claires », qui retrace ses mémoires à Matignon, coécrit avec le député européen Gilles Boyer ; Édouard Philippe confiait : « Je vis une relation d’amitié intense avec Christophe Béchu. On se parle souvent, j’apprends beaucoup en l’écoutant. Par ailleurs, j’ai de la famille à Angers, je connais bien cette ville. Et je la vois se transformer de manière tout à fait remarquable, depuis qu’il en est maire. »
Cher Édouard, nous ne partageons pas le même constat, car l’odeur de La Poudrière nous monte dangereusement aux narines... et ça pue la merde !
Extrait de La Poudrière :
Pour Jean-Eudes Gannat, le problème principal, c’est l’immigration. Il croit possible de devenir français, mais voudrait que ce soit rare et difficile. Il est contre le droit du sol. La nationalité, pour lui, n’est pas une question de carte d’identité mais de coeur. Il faut un attachement au paysage, au terroir, à la langue, à la culture. Il est pour un arrêt total de l’immigration et envisage, sinon, la possibilité d’une guerre civile - une guerre qui serait ethnique. « Qui oserait nier que le substrat ethnique de la France a changé ces dernières années ? » Demande-t-il.