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[ANGERS] Récit d’un 1er Mai revendicatif



Alors qu’Emmanuel Macron fêtait sa réélection sur fond de chantage électoral, après avoir imposé pendant cinq longues années toutes les thématiques et politiques propres à l’extrême-droite dans le débat public, assurant ainsi la présence de cette dernière au second tour, c’était donc une évidence qu’un 1er mai 2022 sous le signe de l’antifascisme se dessinait.

La nécessité de s’organiser contre l’extrême-droite ne fait plus aucun doute à Angers, ville où sévit le groupe fasciste de l’Alvarium, aujourd’hui à travers le RED (Rassemblement des Etudiants de Droite), l’une de ses nombreuses identités publiques. Les journaux locaux retranscrivent régulièrement leurs exactions : agressions à répétition, tags à l’apologie de Bachar Al Assad sur une maison de quartier, ratonnades sur fond de beuverie, passage à tabac d’intermittent-e-s du spectacle à Orléans, ou encore cambriolage à deux reprises d’un local associatif ont ainsi ponctué la vie des angevin-e-s ces dernières années.

Durant son mandat précédent, le gouvernement Macron s’est pris au jeu des procédures de dissolutions contre les « extrêmes », ciblant plus d’une dizaine d’associations musulmanes, humanitaires et antifascistes et en passant, au moins trois associations identitaires dont l’Alvarium. Cette dernière qui, malgré une procédure de dissolution supposée être actée et en vigueur, confirme via les réseaux sociaux maintenir en toute impunité des « activités dans leur local » (17 rue du Cornet), comme entre autre une "conférence" au cours de la semaine précédente.

C’est donc dans un contexte national et local étouffant et fascisant, qui voit chaque lutte sociale, par exemple pour le logement ou contre la précarité, se heurter systématiquement à la répression policière, judiciaire et fasciste, que s’est formé un cortège autonome et antifasciste à Angers, à l’occasion de la journée internationale des travailleurs et des travailleuses, mobilisation devenue traditionnelle depuis le meurtre de trois syndicalistes et de cinq anarchistes en 1886 aux États-Unis.

Dès le début du rassemblement de 10h30 place Imbach, une petite dizaine de fascistes de l’Alvarium sont postés aux portes d’une église, observant la foule. Au départ de la manifestation, passant devant le groupe de nazillons et n’ayant pas oublié leurs nombreuses provocations de l’année passée, des slogans antifascistes sont entonnés. Les fachos, très excités, majeurs tendus sur le parvis de l’église (probablement le pire blasphème de la matinée), sont visés par quelques œufs de peinture (s’écrasant parfois maladroitement sur les murs du bâtiment). Ils sont alors escortés à l’intérieur de l’église par les policiers présents, tout en faisant de grands gestes derrière le cordon et en appelant le cortège à venir en découdre. Les slogans s’éternisant sans doute un peu trop à leur goût, un petit groupe d’entre eux finit par sortir sur le côté de l’église, avance ceintures à la main, mais se fait rapidement courser sur quelques mètres avant d’être de nouveau raccompagné jusqu’à la porte par la police.

Le cortège finit par reprendre sa route, et le reste de la manifestation se déroule sans encombre. Le cortège de queue, qui semble continuer de gonfler, regroupe militant-e-s antifascistes, queer, féministes, gilets jaunes ou syndicalistes, et avance dans une ambiance festive et déterminée, au son de la batucada et des slogans.

La traditionnelle boucle se termine, alors que deux fascistes égarés sur la place du pilori sont raccompagnés par la foule jusqu’à leur cordon policier. Des fumigènes sont craqués en revenant devant la bourse du travail, où des cantines se préparent. Le gros du groupe de nervis est cependant de nouveau repéré, toujours devant l’église. Le cortège de queue devenu cortège de tête, s’organise pour repartir dans leur direction, dans l’espoir de libérer la place pour permettre au repas de se dérouler sereinement. Cependant, avant même d’arriver au milieu de la place, les deux banderoles subissent une violente charge simultanée des nazillons et des policiers présents. Le chef des fafs angevins, Jean-Eudes Gannat, se sent visiblement pousser des ailes et cours seul en tête pour lancer la charge. Mal lui en prends, il se retrouve en mauvaise position, chahuté au sol avec un autre de ses semblables. Plusieurs manifestant-e-s sont tout de même atteint-e-s par les tonfas et matraques des flics, mais le cortège tient bon, reste solidaire et fait reculer les agresseurs alors bien amochés. L’affrontement se termine par une grenade policière lancée derrière les banderoles, forçant l’ensemble des manifestant-e-s à reculer.

Comme l’année précédente, le mouvement social angevin a été capable de porter un 1er mai revendicatif, antifasciste et unitaire. Une nouvelle fois, les tentatives d’intimidations et d’attaques du groupe de fachos locaux ont été mises en échec par la réactivité et la solidarité entre les composantes du cortège. Au vu du mandat à venir, qui s’annonce rempli de multiples agressions envers les travailleur-euses, les chômeur-euses et les étudiant-es, sur fond de légitimation et d’omniprésence des idées réactionnaires dans le débat public et d’une carte blanche donnée aux groupuscules fascistes, une telle réaction collective semble être rassurante pour la suite.

Angers est antifasciste

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