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Alerte : expulsion au Soudan le 2 avril



Appel de Calais Migrant Solidarity contre l’expulsion au Soudan d’Abdalla Husman. Compte rendu de cette situation tragique et appel à action. Mise à Jour 17 avril 16h : Abdalla Husman a été déporté vers le Soudan.

ENGLISH VERSION


Mise à Jour 17 avril 16h :

Husman, aussi connu sous le nom de Hisham, a finalement decidé de ne pas resister contre sa deportation, et il est en route pour le Soudan.

Voici un texte avec des mots d’une des personnes solidaires en Belgique :

“Hisham s’est envolé.Epuisé. Il n’a plus eu la force de protester.
Cassé. Il n’a plus eu la volonté de faire valoir ses droits.

Il est monté dans cet avion. En silence.

Il est parti comme il a survécu ici pendant ces quelques mois. En silence. Dans l’indifférence.

Pourtant, quand il est arrivé ici, il débordait de cette force vitale qu’il faut pour tout quitter, dans l’espoir de réussir à survivre, à vivre ailleurs. Il est arrivé ici avec dans la tête cette idée d’une Europe meilleure, d’une Europe de libertés et de droits. D’une Europe où chaque voix compte. Ou chaque voix à le droit de se faire entendre. Il rêvait de trouver une place où vivre. Etre lui-même. Donner la chance à ses enfants peut-être de grandir. D’être meilleurs que lui-même.

D’être un citoyen comme un autre.

Il s’est battu. Comme un lion. Mais peu à peu, il a perdu le feu. Perdu la force. Derrière les barreaux, ses espoirs se sont envolés. En ce moment, il est dans l’avion. Menotté.

Je ne le connais pas. Mais je connais ceux et celles qui, en Belgique et en France se sont battues pour lui. Battues contre un système qui écrase, qui broie, qui déshumanise. L’une d’elle m’a dit : “Je n’ai pas la force de poster l’info. Je ne trouve pas les mots juste pour expliquer que nos gouvernements l’ont épuisé.”
C’est à sa demande que j’écris ceci. Pour lui, pour elle, pour toutes les bénévoles qui ont pris le relais de ce combat qui le tenait en vie. Et pour tous ceux et celles qui font leur la révolte des plus malmenés.

Un homme épuisé s’est envolé aujourd’hui.

Vas, Hisham, notre coeur vole avec toi.”


Mise à Jour : La déportation vers le Soudan prévue Mardi dernier, le 2 avril, a échoué.

Très éprouvé par les conditions de rétention, et choqué par la violence exercée par la police sur certains de ses co-détenus, Husman n’a pas refusé de monter dans le véhicule qui l’a conduit à l’aéroport.

Une fois arrivé et monté dans l’avion, il a fait part de son refus de retourner au Soudan.

Il a donc été reconduit au CRA de Coquelles.

Nous restons extrêmement vigilant-e-s, d’autres vols risquent d’être prévus pour lui s’il n’est pas libéré rapidement.


Le 30 mars, Mr. Abdalla Husman est passé en appel, le juge a une nouvelle fois décidé de prolonger sa rétention et donc de l’expulser malgré les risques qu’il encoure. Il reste moins de 2jours pour tenter d’empêcher son expulsion en interpellant le préfet et les compagnies aériennes !

Après l’expulsion de Jebril S. le 20 mars, l’autre personne soudanaise pour laquelle nous avions également lancé une alerte est grandement menacée d’expulsion : un vol est prevu pour lui le 2 avril, mardi prochain !

Mr. Abdalla est passé une nouvelle fois devant le JLD le jeudi 28 mars pour décider de sa libération ou du prolongement de sa rétention de 30 jours supplémentaires. Malgré que cette personne, Mr. Abdalla Husman, se déclare victime de tortures et en présente les signes, elle n’avait à ce jour pas encore été visitée par un médecin légiste.

Hors, cette consultation devrait se faire systématiquement dès le début de la rétention quand il y a le moindre doute que la personne ai pu avoir été victime de torture, afin de s’assurer que le trauma qu’elle a vécu ne soit pas incompatible avec la rétention.

Le délibéré a été rendu vendredi : négatif, rétention prolongée.

Un recours a été lancé, Mr. Abdalla devrait passer devant la Court d’appel de Douai avant mardi. Celle ci peut encore décider de le libérer. D’ici là il reste enfermé et en grande détresse.

LA FRANCE NE DOIT RENVOYER PERSONNE VERS LE SOUDAN ! STOP AUX DEPORTATIONS !

Voici des choses que vous pouvez faire :

Allez à l’aéroport : si vous n’êtes pas loin, vous pouvez vous rendre à l’aéroport Paris Charles de Gaulle et distribuer des tracts aux passagers du vol pour le Soudan et leur expliquer la situation (attention : il n’y a pas de vol direct, regardez les départs Qatar Airlines/Turkish Airlines).

Exemple de message à partager :

LA FRANCE RENVOIE DES PERSONNES À LA MORT !

En ces jours de manifestations, de solidarité et de rage dans de nombreuses villes d’Europe pour dénoncer la répression du dictateur Al-Bachir, la France, pays des droits de l’homme, renvoie des personnes au Soudan.

Monsieur Abdalla Husman va être sur votre vol, déporté de force dans une dictature où il craint pour sa vie.

Il est profondément affecté par les traumatismes liés à la torture dans son pays d’origine, ainsi que par les semaines passés dans un centre de retention en France.

Il ne veut pas être deporté au Soudan, VOUS POUVEZ L’AIDER.

Si vous le voyez, essayez de lui parler directement !

ALERTEZ LES AUTRES PASSAGERS ET L’ÉQUIPE DE CABINES SUR LA SITUATION, TEMOIGNEZ SUR CE QUI SE PASSE.

EN TANT QUE PASSAGER, VOUS POUVEZ INFORMER LE PILOTE QUE VOUS NE VOULEZ PAS VOYAGER DANS DE TELLES CIRCONSTANCES : SI IL EST À BORD.

ESSAYEZ DE CONVAINCRE LE PILOTE. SEUL LUI OU ELLE PEUT REFUSER D’EMBARQUER HUSMAN.

Pour en savoir plus sur la situation au Soudan : https://www.amnesty.fr/pays/soudan

Ce que vous pouvez aussi faire :

- Faire pression sur le gouvernement :
sec.immigration@interieur.gouv.fr, 01 49 27 49 27
premier-ministre@pm.gouv.fr

- Interpeller par mail Fabien Sudry, le préfet du Pas-de-Calais pour lui demander d’annuler toutes les OQTF pour le Soudan, ainsi que sa décision d’expulsion, ou encore
par téléphone : (+33) (0) 3.21.21.20.00
par fax : (+33) (0)3.21.55.30.30
ou via le formulaire de contact de la préfecture.

- Écrire aux compagnies aériennes Qatar Airways ou Turkish Airlines auprès desquelles sont généralement réservés les vols pour les expulsions vers des pays comme le Soudan. Vous pouvez téléphoner à leur agence de Paris ou vous y rendre pour expliquer courtoisement votre point de vue sur leur participation à ces expulsions. Vous pouvez aussi les interpeller sur facebook.

Lettre type à envoyer :

Monsieur le Préfet, A qui de droit,

Je vous alerte concernant le risque d’expulsion de M. Husman A., ressortissant soudanais enfermé au centre de rétention de Coquelles depuis le mois de février.

Le risque d’expulsion vers le Soudan est imminent, celle-ci étant prévue pour le 2 avril.

S’il est expulsé vers ce pays, il y risque la détention arbitraire, des traitements inhumains et dégradants, la torture ou une exécution extrajudiciaire.

Deux arrêts de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, datés du 15 janvier 2015 – A.A. c. France (n o 18039/11), A.F. c. France (n o 80086/13) – ont jugé que l’éloignement des requérants soudanais emporte violation de l’article 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, eu égard aux risques avérés de traitements inhumains ou dégradants en cas de renvoi au Soudan. La Cour Européenne des Droits de l’Homme a jugé que les mesures d’éloignement prises à l’encontre des requérants soudanais étaient contraires à cet article.

Je souhaite également attirer votre attention quant à la détérioration actuelle de la situation sécuritaire au Soudan, telle que documentée par les rapports et articles d’Amnesty International et Human Rights Watch les mois derniers. En effet, ces instances mettent en avant les violations des droits de l’homme commises dans le cadre de la violente répression contre la population et les manifestants depuis décembre 2018. Cette répression a fait une soixantaine de morts, plus d’un millier d’arrestations et environ 2000 blessés. Les enlèvements et la torture sont pratiqués à grande échelle par les Services de Sécurité (NISS). Les soudanais expulsés sont interceptés et interrogés par les Services de Sécurité à leur arrivée au Soudan ; de nombreux témoignages confirment que, pour plusieurs ressortissants expulsés, leurs proches sont sans nouvelles d’eux depuis leur expulsion. Ils sont arrêtés, disparaissent, et à ce jour ont possiblement été tués. Omar Al-Bachir est toujours recherché pour crimes pour l’humanité, génocide et crimes de guerre, condamné par la Cour Pénale Internationale.

M. Husman A. s’est exprimé sur ses craintes en cas de retour, et son état physique et psychologique est extrêmement fragile. La mise en rétention l’a beaucoup affaibli et son état actuel le met en grand danger en cas d’expulsion.

Dans ces conditions et pour toutes ces raisons, l’expulsion vers le Soudan constitue une atteinte grave à la vie de cette personne. Le danger en cas d’expulsion est avéré.

Je vous demande de bien vouloir prendre en compte ces craintes, ainsi que les risques avérés d’emprisonnement, de torture et d’exactions sur les ressortissants soudanais en cas de retour.

Je vous demande donc de procéder à l’annulation de la décision d’expulsion et à la libération de monsieur Husman A.

Veuillez agréer, Monsieur le préfet, l’expression de mes salutations citoyennes.

ÇA A MARCHÉ PAR LE PASSÉ ; PARTAGEZ !

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