Depuis son ouverture le 1er novembre dernier, le bâtiment occupé par le collectif du même nom a proposé de nombreuses alternatives palliant aux manquements de l’état et de ses institutions. Longtemps à la recherche d’un accord avec le propriétaire M. Baudaire , avec qui un compromis avait été trouvé, les habitant·es du squat ont eu la désagréable surprise de se voir assigné·es en justice le 16 juillet dernier. Ouest-France a interrogé des militant·es de la Grande Ourse, M. Baudaire et la mairie à ce sujet. Après un article expliquant la position du préfet, retour sur leurs réponses.
Un propriétaire qui continue de faire le mort.
M. Baudaire, propriétaire de l’ancien magasin de meubles squatté par la Grande Ourse et patron de la chaîne de restaurant « la Boucherie », n’a pas voulu répondre au journaliste. Il a donné pour consigne à son avocate de « ne pas communiquer »… Après avoir échangé avec les occupant·es durant trois mois, pourquoi ce silence radio depuis le mois de janvier ? L’approche des élections municipales y était sûrement pour quelque chose : M. Baudaire fait partie des notables d’Angers qui se partagent le gâteau depuis de nombreuses années, il a notamment été vice-président du SCO pendant huit ans. Ses actions concernant un sujet politique sont donc forcément réfléchies selon ses intérêts et ceux de ses amis. S’il ne veut pas donner la moindre information, c’est qu’il ne veut pas que l’affaire s’ébruite. Il est donc important d’en parler le plus possible, que ce nouveau procès de la propriété des riches face à la misère des pauvres ne passe pas sous les radars de l’opinion.

(de droite à extrême droite au premier rang : Béchu, Chabane, Baudaire)
La réaction de la mairie, entre névrose sécuritaire et mépris.
C’est Jeanne Behre-Robinson, adjointe à la sécurité et ancienne collaboratrice de François Fillon, qui a répondu au journaliste Maxime Huteau. Elle se plaint de la difficulté à empêcher les squatteurs et squatteuses de s’installer et de la surprise des propriétaires qui ne savent pas comment réagir. M. Baudaire est pourtant passé lui-même à la Grande Ourse quelques jours après l’ouverture avec une huissière…
Christophe Béchu n’a sans doute pas voulu réagir lui-même mais comment se fait-il que ce soit l’adjointe à la sécurité qui réponde à ces questions ?
Alors que depuis deux ans le collectif de la Grande Ourse a conduit sa lutte sur le la problématique du logement, pourquoi n’est-ce pas l’adjoint au logement qui a expliqué la politique de la ville ?
Ce choix montre la volonté de la mairie d’en finir avec les squats par le biais de la répression. Celles et ceux qui tentent, avec de faibles moyens, de pallier à ses manquements et à ceux de la préfecture sont criminalisé·es. L’expulsion illégale de deux maisons squattées à Avrillé et les propos de l’adjointe le montrent assez clairement. C’est le problème de l’accès au logement qui crée les squats, malgré les nombreux bâtiments vides à Angers rien n’est fait pour qu’il n’y ait plus personne à la rue. Ce serait pourtant la meilleure manière d’éviter l’ouverture de nouveaux lieux. Mais là-haut on préfère taper sur les personnes qui agissent car elles pointent du doigt les défaillances du système, et le système vaut toujours plus que des vies humaines.

Ce que Mme Behre-Robinson semble oublier, c’est que les squats hébergent des dizaines de personnes chaque année à Angers. En sa qualité d’adjointe à la sécurité, elle ferait mieux de remercier les squatteurs et squatteuses. Ce sont autant de personnes que l’on ne voit pas dans le centre-ville à mendier ou errer en quête de soutien dans leur galère. Si le principe de l’occupation de bâtiment cache le problème aux yeux de la majorité de la population, il permet d’avoir un toit sur la tête et cela n’a pas de prix.
Si M. Roch Brancour, adjoint au logement, n’a pas répondu aux questions des journalistes, c’est peut être parce qu’il n’a aucune envie de permettre aux plus démuni·es d’obtenir un toît. Car ce cher monsieur est pour le moins proche de mouvements réactionnaires de la droite dure. Soutien indéfectile de François Fillon en 2017 et anciennement membre de « sens commun », organisation politique liée aux républicains et à la manif pour tous , il incarne parfaitement la politique de la mairie : mépris pour les pauvres et volonté de cacher la misère au grand public.