Infos locales Répression / Prison

Retour sur le procés d’un.e camarade intersexe antifasciste



Attaque du bar fasciste « le Bazar » : retour sur le procès qui s’est tenu le 5 Juillet à Angers.

Une situation tendue

A Angers, la situation est tendue avec les néonazis et autres fascistes angevins qui se
croient tout permis tant les pouvoirs publics sont tièdes lorsqu’il s’agit de mener des
enquêtes sur ell..eux ou tout simplement de les dénoncer. Les dernières élections ont eu raison de leur réserve (attaque d’une guinguette, ratonnade dans le centre-ville etc).

La presse local bollorisée le leur rend bien et leur assure protection : ainsi le visage de
Côme Julien de Pommerol, entouré de ses comparses en armes, a été flouté par Ouest-France après l ‘article sur l’attaque du Héron Carre (guinguette familiale près de la Maine). Attaque pour laquelle une enquête pour violence en réunion avec arme a été ouverte. Pourtant ici, pas d’enquête hâtive, ni de perquisition rapide. L’enquête est mise sous la pile. Rien d’étonnant quand on sait qu’il a fallu attendre 1 an après sa dissolution pour que le local de l’Alvarium soit fermé administrativement, puis perquisitionné (mollement et avec la réticence de la police). Cette dissolution n’a été réellement actée que grâce à la pression populaire des quartiers d’Angers et en essuyant les violences de la police qui défendait les néonazis dans leurs murs.

C’est à la suite de cette fermeture que ses ancien.es membres, toujours actif.ves, se sont regroupé.es sous le nom de RED (Réseau Étudiant de Droite) avant d’investir un nouveau lieu : le bar « le Bazar ». C’est bien ce bar qui fut mis en lumière à la suite d’une manifestation antifasciste le 10 juillet, au lendemain des élections européennes et des résultats que l’on connaît. On vous invite a lire un très bon article du RAAF (Réseau Anti Fasciste Angevin) sur le Bazar ici : « Un peu d’ordre dans le Bazar » https://raaf.noblogs.org/

Notre camarade, dont le procès s’est tenu le 5 juillet dernier, est inculpé.e pour dégradation et vol en bande organisée, dissimulation de visage, transport et possession de cannabis. Iel a été perquisitionné.e chez iel le 13 juin dernier, interpelé.e, soit 2 jours après les évènements. S’ensuivent 2 jours de garde à vue pour être finalement incarcéré.e dans l’attente de la comparution immédiate. Après le refus de celle-ci, demandant le report pour préparer sa défense, il.elle a été « libéré.e » dans l’attente de son procès, avec interdiction d’être présent.e dans le 49.

Notre camarade nous a également informé des pressions politiques subies lors de son
incarcération, de la peur des policier.ères quant aux résultats des élections (le NFP
(Nouveau Front Populaire) les obligeant « éventuellement » à revoir leurs accointances) aux tentatives d’isolement du greffe à la maison d’arrêt. Iel.le fût privé.e de ses lunettes et de son traitement hormonal durant son incarcération. Puis pour prolonger son isolement jusqu’à la comparution immédiate, il y a eu une volonté délibérée de ne pas lui donner de carte téléphonique. Enfin, pour conclure cette vaste blague, son dossier devant le SPIP comportait la note SDF quand à son adresse, alors que les journaux eux-même ont donné des détails sur celle-ci.

A la suite du procès, les journaux locaux (pour ne pas citer Ouest-France/Courrier de
l’Ouest
) ont pondu leur récit du procès, tronquant toute la valeur politique de celui-ci, ne mentionnant pas son parcours intersexe, les mutilations subies et effaçant les références à l’impunité des militant.es fascistes à Angers. Pour ne pas les laisser dérouler leur narratif, avec quelques militant.es qui étaient à l’intérieur, on vous propose ici le récit rapide de ce qui s’est passé dans cette salle d’audience.

Le procès s’ouvre avec la prise de parole de notre ami..e qu’on retranscrit ici avec son autorisation.
Une déclaration à charge et éminemment politique :
« Etant né.e en situation d’intersexuation et ayant subit plus de 8 hospitalisations génitales majeures depuis l’âge de mes 18 mois, j’ai commencé à fumer du cannabis vers l’âge de 14 ans (fin de mes opérations non consenties) ce qui m’a permis d’arrêter de faire descauchemars et des crises d’angoisses. En effet, toute mon enfance j’ai été en contact avec les médicaments (péridurale, atharax en intraveineuse post opératoire, morphine, protoxyde d’azote etc). Il est clair que j’ai un penchant addictif que j’ai réussi à combler avec le cannabis sans rechuter vers les morphiniques. Mon adolescence a été marquée part des gardes à vue à répétition car mon addiction pour le cannabis m’a amené..e a avoir « des conduites à risque » , pour avoir de quoi fumer pour dormir. Être ensuite indépendant et en contrôle de ma consommation fut pour un temps un soulagement. Cela m’a permis de ne plus être dépendant des points de vente ou d’un produit de mauvaise qualité.

Lors des mobilisations étudiantes contre la loi travail, j’ai fait la connaissance de mon ex-conjointe, qui m’a permise de comprendre ma situation politique ainsi que mon statut de minorité, autrement dit que je suis intersexe, que je n’ai jamais pu consentir aux opérations génitales non vitales dans mon enfance, que ce que j’ai vécu n’était pas une guérison mais des interventions esthétiques expérimentales guidées par une idéologie patriarcale. J’ai ensuite pu découvrir à Toulouse des militant..es féministes et lgbti qui m’ont permis de comprendre comment l’homophobie et la transphobie traversaient ma vie et avaient déterminés les opérations que j’ai subis. Opérations reconnues comme des mutilations par le Conseil de l’Europe, la cour Européenne des droits de l’homme et Amnesty International.

Arrivé.e à Angers en 2020, j’y ai découvert une extrême droite décomplexée, des militant.es nationalistes et traditionalistes qui s’encanaillent avec des néonazis, que ce soit le GUD (dissout il y a une semaine) ou les membres de Casapound. Ma ligne politique est essentiellement contre les violences physiques et la torture. Je n’ai jamais rencontré dans mes ami.e.x ou dans les cercles militants de gauche, des personnes habitées par la vengeance ou l’atteinte aux droits fondamentaux des individus. Voir autant de militant.es se prétendant simplement catholiques alors qu’ils expriment des positions antiféministes, homophobes, raciste et qui passent à l’acte comme le soir ou, armés de bâtons, ils ont attaqués des manifestants en plein centre-ville.

De même j’ai été particulièrement choqué.e des relaxes dans cette affaires et de leur
impunité face à la justice qu’ils insultent copieusement au passage. De même, il n’y a pas d’assassins parmi les militant.es que je fréquente, ce qui n’est pas le cas des anciens membres de l’Alvarium.
Depuis la dissolution de l’Alvarium par le ministre de l’intérieur, on constate des allers-
retours de ces ancien..ne membres dans ce nouveau local nommé le bazar (note des
renseignements généraux/territoriaux). Local généralement éclairé que lorsqu’il y a des
mobilisations féministes, LGBT ou syndicales. C’est bien en réaction à notre simplee xistence que ces mouvements veulent nous faire violence. Pour elleux, ce que l’on pense n’a pas d’intérêt, c’est ce que nous sommes qui les dérangent. L’implantation des militant.es fascistes et réactionnaires à Angers est toujours une actualité et devant les attaques larges contre les minorités de ces derniers temps, du fait aussi des élections européennes, la colère l’a emporté lors de cette manifestation, et comme je le disait devant l’adjoint du procureur, ce nouveau lieu de mobilisation aurait du être fermé administrativement par les pouvoirs publics. L’activité de ce nouveau local frôlant avec la reconstitution de ligue dissoute.

Je n’ai pour ma part jamais été condamné pour violences physiques ou dégradations
en 8 ans de militantisme, je connais bien les méthodes de l’extrême droite et leur
dangerosité. Évidemment que je m’attendais et m’attends à subir des violences de la part de ces groupuscules qui vomissent ut ce qui est progressistes en passant à l’acte. La rapidité de l’enquête faite sur moi illustre l’atmosphère politique qui domine, et la raison pour laquelle je n’ai fait aucune déclaration sur les faits qui me sont reprochés, c’est les commentaires anxieux des policiers autour de mon audition. « Si on a ça dans trois semaines etc » qui m’ont fait sentir le caractère politique de cette affaire.

Je ne partage pas le sentiment d’impunité des militant.es fascistes et néonazis qui
n’attendent qu’un signal pour exercer leur violence physique sur des personnes. Violence qui elle n’a rien de symbolique. »

S’en est suivi une tentative de l’avocat des fascistes, maître Sassi, du cabinet GrandeArmée (cabinet de maître Wagner, avocat historique de Jean Marie le Pen), d’essayer de le faire réagir en l’interpellant à plusieurs reprises. Notre camarade ne répondra à aucune question de sa part ou du juge à la suite de sa déclaration. Si la tentative de provocation de maître Sassi tombe à l’eau, cela ne l’empêchera pas de réitérer directement durant sa plaidoirie, toisant les personnes présentes dans la salle : « sûrement qu’ici dans cette salle, sont présents des complices de ces dégradations ».

La proc’ quand a elle annonce sa réquisition : elle demande 18 mois dont 6 fermes, une
injonction de soin, 300 € pour dissimulation de visage, 5 ans d’interdiction de posséder une arme et interdiction de Maine-et-Loire pour la personne qu’elle décrit comme « le leader » du saccage.

S’ensuivent les plaidoirie.

On vous passe celle de l’avocat qui défend « les étagères ». Il a beau dire « je suis là pour défendre les murs, il ne s’agit pas d’un procès politique », tout ceci est bien politique. Preuve en est d’ailleurs la plaidoirie du représentant de l’association Les Amis Réunis (maître Sassi) qui enchaîne : rien sur le fond du dossier, c’est bien le caractèrepolitique de l’action qu’il pointe du doigt, en demandant « une sanction exemplaire » pour dissuader « les casseurs ». Précisant au passage que cela dissuaderait toute action que ces fameux casseur envisageraient pour les législatives (l’entre-deux tours nous montrera l’inverse, c’est-à-dire les violences décomplexées de l’extrême droite).

En parallèle, il essaye de faire disparaître, pour le coup, le caractère d’extrême droite de l’association qu’il défend et la reconstitution de ligue dissoute. Finalement Maître Sassi a peu de chose à dire et à argumenter. Il pointe du doigt la bonne santé économique de l’association et le travail mené depuis 1 an par ses membres pour la construire et la faire vivre. On constate au passage, l’absence du représentant des Amis Réunis , Baudoin LeNalio, eut égard certainement à son parcours sulfureux et entaché de condamnations
pour violences physiques sur des militant.es et des passant.es perçu.es comme « de gauche », avec ses petit amis de l’Alvarium.

L’avocate qui défend notre camarade, embraye sur le contexte politique qui, bien au
contraire, doit être pris en compte. Elle rappelle que 3 jours auparavant, le site d’extrême droite « Réseau Libre » avait publié une liste d’avocat..es « à éliminer » car ielles avaient signé une tribune contre le rassemble national dans Marianne. Et que c’est bien dans ce contexte qu’aujourd’hui, elle est à la barre. Maître Sassi tentera ici de prendre la parole, en vain. Le cadre est posé par l’avocate.

Elle continue et expose sa demande de nullité pour l’ensemble de la procédure en cours contre sa.on client.e. En effet, la perquisition et la garde à vue ont été motivées par très peu de chose. Notamment par la dénonciation d’un individu, signaler dans le PV par « BI » (pour brigade d’intervention). C’est cette personne qui aurait identifié notre camarade sur des caméras de surveillance de la ville. Mais qui est cette personne ? Aucun numéro de matricule, aucun nom. Sans autre information, l’avocate soutient que cela est l’équivalent d’une dénonciation anonyme, ce qui seul, est bien trop faible pour justifier une perquisition et une garde à vue. De plus, il est de fait impossible pour elle de mener un contre interrogatoire. Elle dénonce ainsi l’enquête hâtive et des irrégularités certaines qui en ressortent.

Le délibéré sera rendu le 26 Août prochain, à 12h au tribunal d’Angers où un
rassemblement de soutien aura lieu.
On vous invite à nous rejoindre ou vous rassembler partout ailleurs pour soutenir notre camarade. Cette histoire n’est pas terminée, et les fafs s’organisent pour intenter un procès au civil et faire raquer 40 000 euro de dédommagement, selon leur chiffrage, aux soit disant auteur..ices de cette action. On vous attend nombreux.se le 26 Août. Quelque soit la répression : queer, radical.e et antifasciste jusqu’au bout.

Son premier témoignage est disponible sous le nom : Soutien et témoignage : un.e camarade intersexe antifasciste.

À lire aussi