Infos locales Travail / Syndicalisme

SNCF, vous pensiez sécurité ?... Désolé c’est trop cher



En ce début d’année, comme on pouvait s’en douter avec la privatisation de la SNCF, tout se bouscule et s’éparpille en interne.

Le 14 décembre au soir, le dernier train envoyé en sécurité est parti devant les yeux des chefs de services (cheminots qui s’occupent d’assurer le départ des trains sur les quais) dans toutes les gares de France. Un agent d’escale était à l’arrière pour valider les trains à double rame afin d’assurer la visibilité au bout des quais.

Désormais c’est terminé !

Les TER partent seuls, les TGV n’ont besoin d’agents que lorsque le train est double (composé de deux rames accrochées). Il y a besoin d’un agent à l’arrière de la deuxième rame afin de vérifier la fermeture des portes (que le chef de service ne peut pas voir étant à l’autre bout du quai) en toute sécurité. Ce sont désormais les contrôleurs des trains qui "rendent l’arrière" à l’aide d’un agent "relais", à quai, qui transmet les informations par radio. Un mic-mac d’informations et de changements qui met en désaccord les contrôleurs et les agents d’escale des différentes gares.

Sifflet, lampe torche, qui doit parler le premier ? Le contrôleur doit siffler tout en restant à bord du train, il a donc une visibilité très mince des dernières portes du train. Avec un coup de sifflet timide, la nouvelle procédure envoyée par la direction ne fonctionne pas et reste très hasardeuse, les agents d’escale étaient obligés de compléter. Mais le 6 janvier signait la fin de cette aide complémentaire. Les trains partent à l’aveugle.

Les chiffres sont truqués... pour changer !

C’est avec plaisir que les journalistes venaient en gare pendant ce mois de décembre pour taper sur le cheminot gréviste. Interrogeant les voyageurs eux-mêmes ne s’informant que par les médias nationaux. Les gros titres rabaissaient la lutte tout en mettant en avant le pauvre directeur d’entreprise qui ne pourra pas ramener le million ce mois-ci parce qu’un train est supprimé. Et les pourcentages de grévistes qui ont baissé ? Tout est calculé par la direction. Il y a certes des grévistes, et quand on voit comment l’entreprise déchante il est surprenant qu’il n’y en ait pas plus.

Au matin du 5 décembre, rentrée de la mobilisation, cela faisait 48h que la direction connaissait la majeure partie des grévistes, et l’ordre a été de supprimer le plus de trains, pourtant des conducteurs de trains étaient disponibles, pendant plusieurs semaines ils appelleront à chaque horaire de départ. A 4h du matin on leur dit de rappeler à 8h puis à 8h ont leur dit de rappeler à 12h et ainsi de suite tous les jours... Puis, afin de remonter les statistiques des trains roulants, la direction a enfin trouvé une solution ! Des retraités et des cadres ont été appelés en renfort pour les remplacer ! On ne fait plus confiance aux agents présents de peur qu’ils se mettent en grève le lendemain. De plus, on rajoute des trains pour montrer que le mouvement s’essouffle, alors qu’il y avait les capacités matérielles pour faire rouler ces trains dès le début. Il y a plus de trains donc moins de grévistes dans les chiffres et une image que la lutte perd de l’ampleur comme résultat.

Toujours la faute des grévistes, quelle surprise !

Les insultes volent chaque jour, des agents d’accueil sont à bout dès 7h. La réponse est la même depuis plusieurs jours « Nous connaissons les trains qui circuleront la veille à 17h » mais que faire quand certains sites Internet préviennent d’un SMS les clients, que leur train est suprimé, avant même que l’agent SNCF ne sache si les trains circuleront ou non ?

Le plus fou, ce sont les personnes qui se pointent armées de leur vélo électrique dernier cri. Ils vous demandent qu’on leur donne les coordonnées du bureau des dirigeants afin de se plaindre des grévistes qui gâchent leur vie et qui font exprès de faire grève pour pour embêter les voyageurs qui vont travailler. Certains n’ont toujours pas compris que les raisons de la grève ne sont pas de perturber leur train-train quotidien mais de se battre contre des réformes d’asservissement mises en place par le gouvernement.

La lettre de cette passagère qui n’a même pas entendu parler des réformes des retraites, alors que nous sommes le 2 janvier, aurait mieux fait d’être adressée à Delevoye ou Macron en personne.

Voyageurs vous allez être contents !

Et oui une grande surprise vous attend en gare d’Angers ! L’accueil n’existe plus. Se rendre dans la bulle d’accueil, qui se situait en plein milieu du hall de garen, c’est terminé. Elle logeait quelques agents aux sourires de marbre, recevant des insultes et contournant les ordres de la direction à coups de tampons sur vos billets.

La société Nicollin a repris ce lundi 6 janvier les prestations pour les personnes en situation de handicap. Vous trouverez désormais « N’ASSIST » qui n’a pas pour fonction de vous répondre. Les agents SNCF sont désormais des agents itinérants, qui doivent rester debouts dans le froid pour vous répondre. Attention, en cas d’insultes il leur sera plus simple de planter les voyageurs parce qu’après tout ils ne sont toujours pas payés pour se faire insulter.

Le service client et les garanties voyageurs n’existent quasiment plus. Nous saluons tous les cheminots et contractuels qui se sont fait insulter pendant plusieurs années en gardant le sourire. Nous saluons tous ceux qui ont fait grève et ont tenté de se battre et de s’exprimer contre ces réformes. La SNCF n’est plus. La direction vient de se rendre compte qu’après avoir supprimé des postes et envoyé des agents en reconversion, certains postes comme les plies (le courrier en interne), n’ont pas été réattribués. Est-ce privatisé ou toujours à leur charge ? Très bonne question qui ne se pose que lorsqu’il devrait déjà y avoir des solutions de trouvées.

Que la lutte continue ! Soutien à tous les agents en gare d’Angers, cheminots ou contractuels, le cœur fendu face à la qualité du service qui s’appauvrit toujours plus. Soutien quand les employés de la nouvelle entreprise, N’ASSIST, ne vous regardent même pas, ne vous saluent pas alors qu’ils ont pris votre bulle d’accueil et vos vestiaires. Que font les responsables d’équipe ? Ah oui, ils étaient en congé le jour du grand changement, ce fameux lundi 6 janvier que nous redoutions tous depuis plusieurs mois.

À lire aussi