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Acte X à Angers : défaite de la police



Un cortège déterminé, la police mise en échec, une ambiance insurrectionnelle. Retour sur l’Acte X des Gilets Jaunes à Angers.

L’appel avait été lancé pour un rassemblement à Angers ce samedi 19 janvier dans le cadre de l’Acte X des Gilets Jaunes. Des mesures avaient été prises par la préfecture, la mairie et les banques : le centre-ville était bouclé, les manifestations y était interdites par arrêté préfectoral, les banques avaient barricadé leurs vitrines et des gendarmes mobiles avait été réquisitionnés pour l’occasion. Sur place on dénombre au moins 10 camions de gendarmes et autant de camionnettes de la police stationnées dans les rues pour bloquer l’accès du centre-ville. Malgré ces mauvais présages 3000 personnes se sont rassemblées au jardin du Mail pour le départ de la manifestation.

Préparatifs par les banques

Vers 13h45, un cortège long et déterminé se forme et part en direction du boulevard Carnot. On peut lire la diversité des personnes aux symboles présents : des drapeaux français, des drapeaux régionaux, des pancartes sur la dégradation du service public, les occasionnels messages en faveur du RIC ou du “Frexit” et un chat noir hérissé qui parade en tête de cortège. Mais c’est aux chants de “Angers, debout, soulève-toi !”, que le cortège décide de faire fi de l’arrêté préfectoral et de prendre la rue Boisnet en direction du centre-ville. L’arrêté aura tenu un quart d’heure environ.

En marchant le long de la rue Boisnet, il devient clair que le rôle de la police est de bloquer l’accès aux rues marchandes Saint-Laud et Lenepveu, ainsi qu’à la place du Ralliement. Le cortège essaye donc d’y accéder en remontant la rue de la Roë. En arrivant vers le cordon qui bloque la rue, on entend “c’est notre place, d’habitude on vient faire des courses là, les flics ne peuvent pas nous empêcher”. Malgré cela, le cortège décide de battre en retraite et de laisser la place du Ralliement pour l’instant.

Gendarmes bloquant l’accès au Ralliement

On se remet donc en marche en direction du château en bloquant la rocade au passage. On passe devant le château et la gare pour arriver au boulevard Foch une demi-heure plus tard. La question de la place du Ralliement est reposée et après une brève hésitation, une partie du cortège décide de s’engager dans la rue Saint-Julien, alors qu’une partie continue sur le boulevard. Cette fois-ci nous y arrivons et la place se remplit de jaunes… et de bleus. Des camions de gendarmes descendent sur la place et s’arrêtent péniblement devant la foule qui s’amasse devant eux. Puis, les lacrymogènes commencent à pleuvoir. On recule donc pour reprendre notre souffle et revoir notre stratégie. On apprend aussi que des masques de protections ont été distribués aux clients qui sortent des galeries Lafayette juste à côté. Il faut noter ici que depuis le début du cortège jusqu’à sa fin quelques heures plus tard aucun commerce ne sera attaqué. L’attaque de la police est donc perçue comme un affront injustifié par les personnes présentes.

Lacrymogènes sur le Ralliement

On retourne donc vers le boulevard Foch où un autre groupe de manifestants est passé. En se dirigeant vers l’avant du cortège, on aperçoit que des plots de chantier et des barrières ont été installées en travers du boulevard et qu’un feu de palettes commence à partir en bas.

Plots de chantier

On a alors le temps de faire un petit tour et de s’apercevoir que les Gilets Jaunes sont dispersés en trois groupes différents au moins. Puis, le mot d’ordre est donné : “Direction place du Ralliement !” et le cortège s’engage sur la rue Lenepveu. À notre passage, les magasins huppés de la rue ferment. Après 200 mètres, on se retrouve dans la même situation que quelques heures auparavant : un cordon et des camions de gendarmes bloquent l’accès à la place.

Grendarmes bloquant l’accès et chat hérissé

Sauf que là, une partie du groupe décide de contourner le cordon pour essayer d’arriver sur la place par la rue de la Roë. Cette partie du cortège est rapidement rejointe par une plus grosse foule qui arrivait depuis le bas de la rue. Après quelques minutes de tension, le cordon est forcé et la foule arrive sur la place les bras en l’air. Les gendarmes reculent alors et se retrouvent coincés entre leurs camions et la foule. Ils essayent apparemment de garder la foule à l’entrée de la place. En vain, puisque quelques instants plus tard un autre groupe de Gilets Jaunes apparaît de l’autre côté de la place et les gendarmes se retrouvent littéralement encerclés par la foule. Sous la pression, on arrive a pénètrer sur la place et c’est le déchaînement de joie : “La place elle est à qui, elle est à nous !”

Foule arrivant sur la place

Plus tard, on apprend que d’autres lacrymogènes ont été utilisés devant la préfecture un peu plus tard, que les barricades en feu du boulevard Foch ont tenues jusqu’à environ 19h et que plusieurs personnes ont été interpellées.

Que faut-il retenir de cette journée ? Malgré les mesures prises par la préfecture et les nombreux gendarmes présents, la police n’a pas été capable de contrôler la manifestation. Cela est probablement dû à au moins deux facteurs : la séparation du cortège en plusieurs petits cortèges très mobiles et la présence d’un nombre important de personnes suite à l’appel régional. Ces mêmes facteurs ont été identifiés dans le récit de l’autre manifestation régionale à Rennes.

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