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Discussions sur la construction d’un réseau de ravitaillement autonome dans le Maine-et-Loire



Notes sur les discussions qui ont eu lieu à la Grande Ourse (Angers) et au Faux-Chai (Saint-Aubin-de-Luigné) les 19 et 20 janvier derniers concernant la construction d’un réseau de ravitaillement alimentaire autonome dans le Maine-et-Loire.

Nous nous sommes retrouvés le temps d’un week-end (19 et 20 janvier) pour réfléchir à la construction du réseau de ravitaillement alimentaire dans le Maine-et-Loire. Dans une optique de créer un lien entre la ville et la campagne, nous avons tenu à faire converger les idées de ces deux territoires en organisant une après-midi à la ville (La Grande Ourse, Angers) et à la campagne (au Faux-Chai à Saint-Aubin-de-Luigné). Le Réseau de Ravitaillement des luttes du pays Rennais a été convié à cet évènement afin de partager leur expérience.

Les questionnements sur lesquels nous avons voulu baser notre réflexion sont les suivants :

Comment construire un réseau ? Qu’est-ce qu’un ravitaillement alimentaire ? Qui en sont les acteurs et actrices ? Et comment devenir autonome ? Que souhaitons-nous construire comme lien, quelles en sont les luttes ?

Afin de répondre à ces multiples questions, des outils d’éducation populaire ont été employés pour nous faire avancer plus facilement sur le sujet. Chacunes et chacuns se sont positionnés sur des sujets comme les savoirs-faire de la paysannerie, alimentaires, lien avec la terre, lien avec les luttes en ville, etc... Suite à cela, les copines rennaises ont exposé leur fonctionnement avec la présentation de nombreuses cantines de lutte. Grâce à leurs explications et en prenant compte de notre environnement de lutte angevin et des nos envies, nous avons fait ressortir trois grands axes de travail :

1 - Ravitailler la lutte ou Lutte du ravitaillement
2 - Solidarité, Structurer l’entraide
3 - Construire l’autonomie.

1 - Ravitailler les luttes / mais aussi Lutte du ravitaillement

Afin de ravitailler les luttes, la priorisation des cibles est vitale. Il a été nécessaire de les hiérarchiser :
• Expulsions des squats et de camps
• Cantines et restaurants (liste non exhaustive).
• Luttes paysannes
• Financer différentes problématiques judiciaires et financer les procédures qui le nécessitent.
• Quartiers populaires, maisons de quartier, PSN 49
• Evénements liés à des concerts, soirées, films/débats, grèves, etc...
• Evénements spontanés

Lors des échanges, une notion très importante est apparue : celle de la temporalité entre la ville et la campagne.

Nous avons compris que les demandes des cantines, restau et autres devront changer et revenir à une temporalité plus large. Les stocks devront se faire au préalable, des demandes dans l’immédiat pourront moins se faire.
Les liens commenceront par : la récupération, un lieu de stockage à la campagne au lieu de stockage en ville, le transport par des copines et copains qui viennent en ville ou vice-versa. Le rythme que la ville nous inculte « acheter consommer acheter consommer » s’atténuera et disparaitra. C’est une première preuve de l’autonomie. Le nouveau rythme des acteurs de la ville jonglera autour des liens créés (paysan-es, ami-es, militant-es, précaires) avec les différents lieux et leurs fonctions (terrains, stockages, cuisines, cantines, squats, maisons, bars associatifs,…) et des actions menées (récupération, travail de la terre, expérimentation, cuisine, cantine).

2 - Structurer des réseaux d’entraide

La question principale à laquelle ce groupe a tenté de répondre : Existe-t-il une sociabilité résiliente ?

Le 1er axe abordé consistait à répertorier les terres mises à notre disposition. Il a été énoncé l’importance de communiquer entre les campagnes, en développant des moyens de communication adaptés, et utilisés. Néanmoins, malgré la constatation d’une utilisation peu développée des interfaces informatiques à la campagne, ces dernières sont nécessaires à la convergence des luttes et à l’optique de soutien. Idée de géolocalisation de tous les points stratégiques d’un futur réseau de ravitaillement.

Le 2e axe évoqué concernait les instances de décision : sont-elles horizontales ? Hiérarchiques ? Il est nécessaire de mettre en avant une certaine forme juridique, et notamment faire attention au cadre légal pour permettre de futurs investissements. À propos de l’idéologie de ce réseau de ravitaillement : il faut valoriser les producteurs, les acteurs et actrices locaux pour qu’ils et elles se reconnaissent dans l’idéologie est primordial. Le réseau se maintient par une activité.

Enfin, le thème de la visibilité du réseau à mis en avance la nécessité d’utiliser des outils pour attirer ceux qui sont intéressé. Il a été évoqué l’idée de la création d’un blog, et d’un planning/calendrier pour l’organisation générale.

3 - Construire l’autonomie

POUR que la campagne et son autonomie ne soient plus dévalués et soient vivantes !

POUR que la ville urbaine ne soit plus dépendante !

L’autonomie telle que nos sociétés l’entendent est celle de gagner son propre argent par l’aliénation à l’état. Dans nos sociétés, on cultive la dépendance de l’état à l’humain. Il nous faut contrer : l’empire de la marchandise, l’empire du spectacle, en arrêtant le délire de l’optimisation qui se fait contre le vivant, en arrêtant les projets de court-terme…

Nous sommes partis du préfixe RE (réinventer, réapproprier) lutter pour, lutter contre, faire à nouveau. Quelles histoires REcréons-nous ? Dans le but de partir de la fiction qu’on nous fait subir. Quelles fictions pour nous permettre de sentir lié à la terre ? Comment refaire l’histoire des lapins contre celle des chasseurs ?

"De retour à la terre, il n’y a pas. Il s’agit de reprendre conscience que de toute façon on est lié à celle-ci. Dans nos jardins, on reprend main sur le vivant, puis on commence à construire notre autonomie." (extrait d’une parole)

Les premiers points de notre riposte sont :
- de reprendre notre autonomie sur l’alimentation, le jardin, la production,
- de retourner au savoir-faire, de reprendre le rapport avec les anciens,
- de déstabiliser le système marchand, de renverser les dominants.

Afin de concrétiser l’idée de réseau de ravitaillement alimentaire dans le Maine-et-Loire, la création de l’association RARE (Réseau, Autonome, Ravitaillement, Entraide) est en cours. Elle s’est finalisée le jeudi 14 février.

Les prochaines réunions de l’asso seront tous les jeudis à la Grande Ourse à 18h. Toutes celles et ceux qui souhaitent se joindre au projet ou intervenir pour proposer de nouvelles idées sont les bienvenu-es ! À très vite !

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