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Réponse à « pourquoi je ne vais pas danser encore »



Une réflexion critique à l’encontre du rassemblement du 8 mai, marqué par la venue du chanteur HK, a été publiée sur notre site. L’organisateur de l’évènement, le Collectif Angevin de Convergence des Luttes, a invoqué un droit de réponse. Nous la publions volontiers et ajoutons une note en toute fin.

L’article laisse supposer, sans aucun doute possible, que la foule rassemblée ce samedi 8 mai sur la place du Ralliement n’était venue à ce village des luttes que dans l’unique but de faire entendre une imploration simpliste - voire complotiste - du refus du port du masque. Sachez d’abord que là où vous décrivez une foule décérébrée communiant autour d’un gourou appelé HK en psalmodiant « Dansons encore ! », nous voyons avant toute chose, une saine et joyeuse contestation de ce régime sécuritaire dangereux pour nos libertés (si nous suivons bien votre point de vue, appelant au respect inconditionnel des contraintes sanitaires fixées par ce gouvernement ouvertement liberticide, j’imagine que vous ne voyez rien non plus à redire à la récente adoption du pass sanitaire qui va jusqu’à restreindre davantage encore les manifestations de rue ?)

Mais surtout, comment un article qui prétend analyser la liesse de ce samedi après-midi peut-il résumer ces trois heures de convergence des luttes à ce seul point ? A croire que nous n’avons pas participé au même rassemblement ! A croire avant tout bien sûr que vous n’avez pas lu les paroles de cette chanson d’HK, qui avec ses mots de poète, nous redessine les conditions d’une démocratie digne de ce nom. A croire que vous n’avez pas vu les stands sur les questions de l’accueil des exilés, de la sortie du nucléaire, du soulèvement des Gilets jaunes, de la ratification du TIAN, de la technologie de la 5G, sur les propositions de sortie de crise du collectif Plus jamais ça... A croire que vous n’avez pas entendu les deux heures de chansons militantes de la compagnie partisanale du Cercle 49 qui ont évoqué la ZAD, le TAFTA, les pesticides, la politique de Béchu, la résistance grecque, la défense de l’Aquarius, la réforme des retraites, le projet CIGEO de Bure, la mascarade de la COP21,... A croire que vous n’avez pas assisté aux prises de parole de nos camarades Occupant.e.s du Quai et de toutes les organisations partenaires de la journée.

Pour rappel, voici un court extrait du texte lu et rédigé en commun par ses membres : « Nous vivons aujourd’hui dans un monde secoué par de profondes injustices : précarisation aggravée et renforcement des inégalités sociales, droit au logement bafoué, injustice dans les rapports hommes-femmes, crise de l’hospitalité et de la solidarité, déni de l’urgence écologique et climatique, destruction du tissu culturel et associatif, banalisation des idées d’extrême-droite, intensification de la répression, représentativité démocratique réduite à néant... La liste est longue ! Cet état de crise nous appelle toutes et tous à choisir dans quel monde nous voulons vivre et à agir en conséquence. Non, la peur qui pointe son nez au moindre prétexte et à tous les carrefours ne doit pas nous sidérer, nous infantiliser et nous laisser inactive et inactif. Nous éprouvons le besoin légitime de nous retrouver, de retrouver nos capacités à réfléchir, à construire ensemble et côte à côte, à penser, à développer notre esprit critique. Revendiquons à la fois justice sociale et justice environnementale, l’une ne va pas sans l’autre. Réfléchissons à ce que nous voulons produire, pour qui, pourquoi et comment. Soyons vigilantes à ce que nos productions ne soit pas laissées aux mains des grands groupes qui n’ont d’autres intérêts que de faire du profit et de verser des dividendes rapides à leurs actionnaires. Si nous sommes ici réuni.e.s c’est que nous appartenons à des secteurs en souffrance, en dehors de tout corporatisme. Nous voulons nous opposer à des politiques toujours plus destructrices de nos droits sociaux, de nos services publics, de nos libertés et particulièrement de notre liberté à revendiquer ces mêmes droits. C’est aujourd’hui qu’il faut construire le monde d’après pour vivre maintenant et pas seulement pour survivre. »

Nous sommes abasourdi.e.s devant autant de déni sur cette belle action réussie de convergence des luttes et peiné.e.s que votre média emboîte le pas de cette désolante manœuvre de controverse médiatico-politique qui ne fait que brouiller et affaiblir nos nécessaires résistances communes. Et nous demandons à Basse-Chaine info - sinon de retirer cet article accusateur - du moins de ne pas le présenter comme une « analyse de la journée d’action militante du samedi 8 mai » mais bien comme un simple « Point de vue personnel donné sur la question du respect ou non des mesures sanitaires imposées ». 

Avec nos amitiés militantes,

Le Collectif Angevin de Convergence des Luttes

NDLR : L’article est paru dans la section "Expression libre / Témoignages", les propos tenus n’engagent que son auteur·trice, ils ne sont en rien représentatifs de l’ensemble des membres du collectif de Basse-chaine.

Si ce texte aurait pu (dû ?) faire l’objet d’une réunion de l’ensemble du collectif, il a néanmoins été publié dans le respect de nos règles de modération et de la charte du site, nous ne retirerons donc pas cet article.

Nous laissons ici à chacun·e l’occasion d’alimenter sa réflexion, d’exercer son esprit critique et de tirer ses propres conclusions. Soyez assuré·es que nous faisons toutes et tous de même.

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