Infos locales Mouvements sociaux / Résistance

Châtiez ces empêcheurs de circuler en rond !



On ne lâche rien… le pouvoir non plus. Le délire autoritaire continue.
Après avoir été convoqué à l’hôtel de police le 29 janvier dernier pour « organisation de manifestations illicites » durant tout l’hiver (telle l’inconsciente cigale armée de sa sono à roulettes), me voici à nouveau épinglé pour « entrave à la circulation » des automobilistes angevins un certain samedi 16 janvier 2021.

Retour case-police donc mais cette fois-ci, pas tout seul. Jean, mon camarade de manif’ (celui que Macron appelle Jojo le Gaulois) a eu la méchante surprise de recevoir lui aussi une convocation identique portant sur les mêmes faits. Nous voilà donc tous les deux estampillés « empêcheurs de circuler en rond » et assignés à se rendre très bientôt au commissariat de la rue Dupetit Thouars (on vous tient au courant des dates d’audition) pour s’expliquer sur cette coupable manie d’entraver à tout bout de samedi la route de nos concitoyens motorisés...

Revenons sur la faute qui nous est reprochée. Ce samedi 16 janvier, nous serions donc arrivés à cet exploit, armés de nos deux seuls gilets jaunes : paralyser le flux de circulation du centre-ville ? Même si le but recherché du port de ce gilet est bien évidemment celui d’amener les véhicules à s’arrêter, je doute fort que l’on ait cette capacité de persuasion…. Blague à part, nous ne nous y trompons pas, tout le monde l’aura bien compris, il s’agit avant tout d’un procès POLITIQUE. Le pouvoir vise à discréditer, à criminaliser un collectif : celui des Gilets jaunes angevins et au-delà de notre organisation, tout le cortège des manifestants présents dans la rue ce jour-là. Il veut intimider et museler la force politique que nous représentons, faire table rase de la contestation, qu’elle soit jaune, rouge, verte ou bien noire. Et il utilise toute l’autorité du droit administratif à cet unique dessein en imposant de juger la légalité de la méthode avant tout. Pour le bien-fondé de l’action, la légitimité de la colère : silence, ce n’est pas le sujet !
Voilà donc posée l’unique question à trancher dans la tête de nos décideurs : entre la liberté de circuler et la liberté de manifester, quelle est celle qui prévaut ? Celle de quelques automobilistes angevins à ne pas être retardés dans leurs courses du samedi après-midi ou bien celle de deux Gilets jaunes à crier leur désespoir devant les injustices de ce monde ? Derrière ce faux débat, se dessine hélas le profil d’une société toute libérale qui a choisi depuis quelques présidences déjà, son seul camp (comme dirait le préfet Lallement) : celui de l’individualisme et de la sacro-sainte liberté individuelle. Reléguant au rang des vieilleries désuètes, la prise en compte de l’intérêt collectif, du bien commun et de la solidarité.

Alors, oui, nous ne le cachons pas. Nous, Gilets jaunes, entravons la circulation ! Depuis bientôt trois ans déjà, nous interpelons ce monde aveugle et sourd qui tourne en rond sur tous les ronds-points de la planète, le gilet jaune bien en évidence comme ultime tentative d’arrêter la marche chaotique de notre humanité. Nous verrons à quelle urgence le droit donnera raison mais une chose est sûre, avec mes camarades de lutte, nous continuerons tant qu’il le faudra à entraver la circulation. Entraver la circulation de tous ces pouvoirs assassins qui asservissent les peuples et méprisent les personnes. Entraver la circulation de toutes ces haines qui nous avilissent, de toutes ces discriminations qui nous opposent, nationaliste, raciste, sexiste ou religieuse. Entraver la circulation de la marchandisation galopante de ce monde, de sa privatisation globalisée, de ce poison qu’on nomme argent. Entraver la circulation des injustices, des inégalités, de toutes les violences faites aux hommes et à la Terre depuis toujours.
Oui, soyons fiers d’être des empêcheurs de circuler en rond. Ensemble, bloquons la marche suicidaire de ce monde. STOP !!!!!
Marc et Jean, Gilets jaunes angevins

Tribune publiée sur le Cercle 49

À lire aussi