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Décadence sur le Rail ! La SNCF à Angers



Un silence lourd plane sur la SNCF. La réforme tant combattue par les syndicats cheminots en 2018 est là et fait petit à petit sa place. Entre grands articles élogieux et promesses utopiques des dirigeants sur la future concurrence, la réalité est toute autre. Tensions et désillusions dans les yeux des clients comme des agents. Licenciement, reconversion, qui seront les futures prestataires ? Qui fera parti de la liste des postes supprimés ? Un point sur la situation à Angers.

Alors que la SNCF proclame sa préparation en force face à l’arrivée de la concurrence la réalité entre les instances du sénat, les directions et les équipes sur place, divergent totalement. Incohérences et mutismes sont à l’ordre. Les équipes en Gare, à la régulation ou encore dans les trains, font face à des informations incertaines qui vont et viennent entre les gares sans que des réponses claires ne soit données concernant l’ouverture à la concurrence.

A Angers, depuis le début de l’année 2019 on observe différents postes, directions et managements, se faire muter, fusionner ou supprimer. D’autres passent des formations dans le silence, chacun tente de se préparer au mieux à cette grande ouverture à la concurrence. La grande question, licenciement, reconversion ou démission ? Partir avant le cataclysme ou s’y adapter ?

Il est annoncé qu’un minimum de 13 postes seraient supprimés sur Angers pour les équipes d’accueil et de vente. Soit une cinquantaine entre le Mans, Laval et Angers. De plus la reprise des équipes d’accueil en gare pour les filtrages, par Gestion de Site (la SNCF est dissocié en trois piliers, SNCF Réseau, Gestion de site et SNCF Mobilité) bientôt mis en place et généralisés, créé une incertitude assourdissante pour les statuts à venir des cheminots et contractuels. Gestion de Site (gestion des éléments et des équipements de la gare en elle-même, avec la réforme, la gestion de site reprend la gestion des équipes en gare anciennement ESCALE qui était géré sous SNCF Mobilité) semble vouloir faire table rase du passé et prévoit, malgré les entretiens d’embauche proposés, de ne prendre aucun agent venant de l’équipe ESCALE (Equipe accueil, prise en charge junior et seniors et gestion de l’arrivée et départ des trains).

Et pour intensifier la tension déjà bien présente, la direction ne fait que minimiser et paraît étonnée de l’inquiétude de leurs équipes tout en prônant qu’il n’y aura aucun licenciement. Information en contradiction avec les directions supérieures.

La direction a fait le choix de supprimer 19 postes aux guichets en gare de Nantes en début d’année 2019. En réduisant les horaires et les conditions d’accès, créant une attente pour les clients en dèsaccord total avec la demande.

Incertitude et flou total également pour ceux proches de la retraite. Un agent d’accueil s’inquiète : il a bientôt 30 ans de boite et il lui reste encore trois ans, il n’avait pas prévu un départ si tôt. Dans les gares une forte embauche de CDD et d’emplois saisonniers se mettent en place depuis mai, dans l’objectif d’avoir des personnes formées et prêtes à être embauchées par les futurs prestataires qui reprendront le service client, aide à la personne et filtrages dans certaines gares. Mais qui ? Challancin, SOFA, etc... sont déjà positionnés à Paris ou à Nantes.

L’inquiétude est forte car ces prestataires ont déjà fait preuve de leur incompétence et de leur participation à la dégradation du service voyageurs. Plusieurs prises en charge d’handicapé-e-s abonné-e-s au service SOCA depuis plusieurs années (service d’aide à la personne pour accéder aux trains et pour se déplacer en gare) se sont vus refusé-e-s en gare de départ et laissé-e-s sans aucuns moyens pour poursuivre leurs voyages déjà achetés !

Ce qui finit d’achever la motivation des agents d’ESCALE ce sont les faux espoirs énoncés dans différentes actualités et publications de presse interne et externe. Voir des dirigeants du transport prôner le renouveau du Rail, alors que la concurrence ne va qu’accentuer la dégradation déjà accablante de la gestion du transport et du matériel, effraie les équipes. “On est sur place tous les jours, et on voit déjà les nombreux problèmes qui remontent avec la séparation entre TGV et TER ainsi qu’avec les Ouigo. Et encore nous n’en avons que quatre départs par jour. Qu’en sera-t-il avec l’arrivée d’autres trains Low cost ?” s’inquiète un agent d’accueil. On voit écrit l’inverse de ce que les cheminots vivent actuellement. Un rire jaune contagieux résonne face à ces discours utopiques de la région.

Tous Dans le Même Wagon !

La tension ne se fait pas sentir qu’en interne. Les voyageurs sont fatigués face aux incohérences d’information entre les gares, certaines promettent une prise en charge lors d’une suppression de trains alors que la gare concernée n’en a pas eu l’ordre. Les voyageurs reçoivent des notifications sur les applications oui.sncf qui divergent de celles en gare. Des erreurs de retard allant de 15 à 30min, de quoi faire louper le train au client.

On s’étonne ensuite de l’énervement de la clientèle et de l’irrespect qu’ils font subir aux agents en gare. De plus en plus d’émeutes se créent, pour un train supprimé on a une centaine de voyageurs explosant, fatigué-e-s des suppressions et des retards récurrents sur certaines lignes. Insultes et intimidations volent sur un personnel tout aussi désemparé, emprunt de bonne volonté et de compréhension, qui subit ces mêmes incohérences et cette même fatigue. La SUGE et la sécurité interviennent pour contrer ces émeutes. Les agents SNCF et SOFA sur place se font filmer et enregistrer à leur insu.

À cela s’ajoute une gestion des équipes totalement déséquilibrée par rapport aux besoins suivant la fréquence des voyageurs et la demande de prise en charge. Parfois trois agents pour gérer une suppression des trains de Cholet pendant 5h, ou cinq agents face à une rupture de réseau entre Le Mans et Angers comme on a pu le voir vendredi 09 août. Les clients ne voulaient plus croire à la situation. Les clients chantant “On veut voir le chef !” et l’insultant à son arrivée alors qu’il apportait les meilleurs solutions possibles mises en place dans l’urgence, l’évacuation de la bulle accueil s’est faite sans pour autant calmer les voyageurs. “Ils n’écoutent et ne croient même plus les informations qu’on leur donne.” déclare une saisonnière.

La direction ne descend même plus soutenir les équipes et cadrer la clientèle lors de perturbations comme citées précédemment. Pourtant les équipes d’accueil et de quai gardent la tête haute afin d’aider au mieux la clientèle malgré les restrictions de la direction sur la garantie voyage. Ils s’arrangent au mieux pour qu’il y ait le moins possible de ruptures de correspondance et le plus d’infos sûres à donner.

La Concurrence !

La direction marketing a fait fort ! Pour générer la confusion (lien Facebook) la SNCF a trouvé le moyen de changer le nom de ses TGV il y a maintenant 9 mois pour les regrouper sous l’intitulé INOUI, à ne pas confondre avec le fameux train lowcost Ouigo car tous les billets sont en vente sur le site principal Ouisncf !

Allez expliquer aux voyageurs pourquoi l’agent d’accueil SNCF INOUI ne peux pas lui vendre ou le reporter sur un train Ouigo. Bien que oui.sncf lui propose de prendre ce train low cost avec des correspondances créées qui ne sont pas reconnues par SNCF et qui ne donnent pas accès à la garantie voyage en cas de retard !

Cette confusion complique la relation clientèle, les agents d’accueil s’inquiètent de l’arrivée d’autres trains low cost, notamment à l’échelle régionale. La direction TER a déjà du mal à gérer la séparation de la clientèle avec la direction TGV, de même pour la gestion du matériel et sa sécurisation. Le TER étant géré par la région, il se voit dans des difficultés de gestions des rames, ce qui génère régulièrement des soucis de matériel. A cela nous pouvons ajouter une inquiétude similaire pour le Lowcost. Un rapport de la CGT tire l’alarme sur les économies faites par OuiGo, sur l’entretien des rames. Des chiffres alarmant.

Malgré les nombreux mouvements de grève et les manifestations importantes qui on eu lieu début 2018 depuis l’annonce de cette grande réforme, les cheminots sont étouffés par les beaux discours des hauts gradés. Nantes a relancé depuis le mercredi 14 août une grève à l’appel de la CGT et de SUD Rail afin de sauvegarder leurs emplois et réclamer l’embauche de leurs collègues qui ont des contracts précaires (CDD, Intérim, sous traitant,...). Car en effet il semblerait que la SNCF ne respecte pas la loi sur l’emploie des CDD. Et malgrés les condamnation régulière, elle jourait sur la signature des contracts pour dissuader toute autres attaque aux prud’hommes. C’est ainsi qu’un salarié de Nantes, CDD depuis 5 ans, ayant gagné sa requalification, est face à une direction qui lui refuse de lui faire signer un nouveau contract de travail !

L’ouverture à la concurrence est un véritable suicide du service ferroviaire. Les différents secteurs sont dans une incertitude qui démotive et fatigue moralement les agents SNCF. Aucune information, la direction qui nie en bloc alors qu’un chiffre plane au dessus de la tête des cheminots comme une épée de damoclès. La sentence tombera certainement au dernier moment, en décembre, pour assurer la rentrée de cette magnifique réforme en janvier 2020.

Soutien au Cheminot-es et Contractuel-les de la SNCF !

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