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Des portes grandes ouvertes ?



L’ouverture de la Grande Ourse à proximité du théâtre du Quai, dont Thomas Jolly a été récemment élu à sa direction, interroge sur le lien possible entre deux lieux à forte dimension culturelle. Un travailleur artistique interpelle le nouveau directeur du Quai.

Magnifique nouvelle, la Grande Ourse ouvre de nouveau des portes. Au sens propre, représentant donc à minima la possibilité d’un toit pour ceux et celles qui en sont privé.es par une idéologie de gestion au niveau municipal et national. Gestion qui dit sa vision du monde car il n’y a pas de problème de logement à Angers et ailleurs, juste des problème de choix. On en revient toujours à une vision d’un monde, une façon de faire société.
Des portes donc, au sens propre et au sens figuré : cette ouverture me fait déjà pressentir un formidable appel d’air, des courants d’air frais d’autogestion, de découvertes culturelles et parfois artistiques, des bourrasques de gratuité, d’entraide. Des moments de pratiques où maîtres et ignorants sont restés à la porte, dans l’autre monde, pour s’apprendre en s’émancipant.

Ce n’est pas rien une auto réquisition, c’est intrinsèquement faire le choix d’une société qui s’ouvre possiblement à d’autres. En parlant d’ouverture, à bien y regarder le lieu est situé à côté d’une autre battisse qui dit être un lieu de liberté, le Quai, abritant régulièrement ce qui serait des défenseurs de la démocratie (oui mais laquelle ?) : des artistes. En effet, il suffit de longer la Maine sur sa gauche pour relier en moins de 10 minutes les deux entités. Y a-t-il un lien à faire ? Avant de présager que l’une et l’autre fassent des scoubidous ensemble, la question se pose. Faut-il faire lien ? Le Quai peut-il fermer les yeux comme il a en 2009 fermé ses portes après l’évacuation de l’auto-réquisition de la rue Lionnaise ? Peut-il ouvrir ses yeux avec un changement de direction, après que la précédente ait exigé de ne pas recevoir une exposition sur les réfugié.es, jugeant la chose trop politique. L’ex-directeur du Quai Frédéric Bélier-Garcia, en ancien prof de philo qu’il est, aurait dû dire « trop engagé pour moi » ou plus simplement « pas engagé dans le sens de mes engagements ». Ne pas voir le politique dans l’acte d’interdire une exposition, c’est claquer la porte à la raison, mettre Kant à la rue.

Voici donc une nouvelle nomination du ministère de la culture, où la Ville a bien travaillé dans l’antichambre des lieux de sélection (on quitte difficilement la métaphore de l’habitat dans cette histoire) afin d’avoir SON directeur. Mais ceci est une autre histoire, qui pourra être développée si nécessaire.

Se revendiquant d’un théâtre populaire au point d’avoir voulu la direction du Théâtre National Populaire de Villeurbanne, Thomas Jolly poussera-t-il les portes de la Grande Ourse ? Fera-t-il la petite promenade sur les bords de Maine ? Et ouvrira-t-il ses portes ?

Et même s’il faut toujours se méfier de la récupération par l’art et encore plus par l’institution gouvernementale via son ministère, la question d’une relation de bon (?) voisinage se pose. Au moins moi je me la pose. Mon activité salariale, quand j’en ai une, m’assigne à la fonction d’artiste, c’est de là que je m’interroge, de cette position sociale. De la même façon que je me suis interrogé sur cette magnifique absence du milieu artistique au sein des gilets jaunes. A moins que l’investissement soit en devenir par un spectacle de récupération, afin d’en toucher quelques dividendes.

Alors Monsieur Thomas Jolly, quelle est votre vision du monde ?

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