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Industries : le volontariat pour une reprise des profits



Un rapport publié par la section syndicale Sud-Industrie du Maine-et-Loire montre que si les usines ont pour la plupart respecté les mesures de confinement, le patronat insiste sur une reprise de travail rapide sur la base du volontariat. Résumé.

Depuis le 17 mars, le gouvernement a décidé de fermer toutes les entreprises “non-essentielles” pour éviter une surcharge des services hospitaliers. Cette decision a permis de protéger un minimum les travailleur.euse.s. Cependant, à la vue des profits qui diminuent, les patrons presser de relancer la fabrication coûte que coûte.

Un bilan accablant pour une usine du groupe Morgan Advanced Materials

Si la plupart des industriels ont respecté les mesures de confinement, ce n’est pas le cas de l’usine "Thermal Ceramics" du groupe Morgan Advanced Materials à Thouarcé. Selon Sud-Industrie, l’usine du groupe anglais aurait été en activité durant toute la période du confinement et les ouvriers "qui n’avaient pas d’arrêt de travail pour garde d’enfants, [aurait été] contraints de continuer à se rendre au travail, en première ligne face à l’épidémie en cours."

Le bilan est accablant :

Au niveau du groupe, les responsables MORGAN Monde n’ont pris en compte cette épidémie et les fermetures d’usine dont celle en Italie, qu’à partir du moment où leurs pays ont été atteints. Mais pour le site de Thouarcé, pas de chômage partiel, petit à petit quelques mesures se mettent en place : le port du masque, distance sociale, salle d’isolement pour toute personnes qui présenterait des symptômes... (Extrait du rapport de Sud industrie.)

La reprise « volontaire » pour 4 autres industries

L’usine d’horlogerie « Bodet Time & Sport » à Trémentines, fermée depuis le 18 mars, a quant à elle relancé l’activité le mardi 14 avril sur la base du volontariat. La direction avait précisé que ce ne serait que les commandes liées à la santé qui seraient traitées. Selon le rapport, la proposition de reprise aurait été envoyée à l’ensemble des salariés et « une vingtaine de volontaires [auraient] repris en journée de travail continue » entre 7h et 13h30.

L’entreprise de construction de poids lours Scania à Angers, fermée depuis le 17 mars, reprendra la construction en effectif réduit le 27 avril avec un horaire de 7h à 12h. La reprise du travail aurait été validée par un vote au comité social.

L’usine « Jeanneau SPBI » à Cholet produisant des bateaux de luxe, fermée le 18 mars et qui aurait forcé les ouvriers à prendre leurs congés payés durant la période de confinement, prévoit « une reprise effectif réduit sur la base du volontariat » à partir du 4 mai.

L’usine Michelin à Cholet , fermée le 16 mars, à rouvert le 14 avril sur la base du volontariat. Les syndicats SUD, CGT et CFE-CGC ont cosignés un droit d’alerte pour « Danger Grave et Imminent » et le comité social a dû rappeler « qu’aucune sanction ne [peut] être prise à l’encontre des non-volontaires ».

Sur les primes d’objectifs et le « volontariat » forcé

Bien sûr la notion de volontariat est extrêmement critiquable. Comme le rappelle le rapport, la mise « en place d’autres formes de rémunérations (primes d’objectifs, d’intéressement, de participations...) » rend la rémunération de plus en plus individualisée. Le chômage partiel ne payant que 70% du salaire brut et non des primes, cela implique une « rémunération divisée par 2 » pour certain.e.s travailleur.euse.s. Le rapport conclut :

Alors les salariés sont-ils vraiment volontaires pour mettre leur vie en danger, risquer de ramener un virus dangereux dans leur foyer ? Ou n’ont-ils tout simplement pas le choix, rendu corvéable à merci par un système capitalisme ? (Extrait du rapport Sud-Iindustrie.)

Pour un partage équitable de l’effort de reconstruction

La situation extrêmement particulière de ces derniers mois aura entraîné une perte de salaires et de profits d’une ampleur inédite. Le patronat et le gouvernement martèlent qu’il faudra reconstruire l’économie et rattraper les profits perdus, mais il faudra aussi rattraper les salaires se battre pour les acquis sociaux. L’effort de reconstruction ne doit pas reposer uniquement sur les travailleur.euse.s !

Le rapport complet est disponible sur le site de la section syndicale Solidaires du Maine-et-Loire.

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