Acte I Nouvelle Océane : Merci à toutes et tous !!

"461 personnes, d’après notre infaillible compteur à lunettes. Beaucoup de familles et de jeunes enfants. Un cortège pacifique et engagé. Des prises de paroles instructives, des contes et des chants, le déploiement de nombreuses banderoles dont une de 90m tenue par une centaine de personnes, une belle arche inaugurant la zone à défendre, des revendications clairement exprimées.

Malgré un dispositif policier disproportionné (drones, motos cross, filtrages routiers et contrôles d’identités) et légèrement liberticide (arrêtés préfectoraux publiés le matin même, interdiction de déployer des banderoles, fouille de tous les sacs…), la détermination des manifestant·e·s n’a pas faibli, et tout s’est déroulé dans le calme et comme prévu : le rassemblement au point de départ, le tractage auprès des automobilistes, le parcours bucolique et le pique-nique sur le pré d’arrivée.

Merci à toutes celles et ceux qui se sont investi·e·s à 200 % pour la coordination et le travail en sous-groupes, pour les indispensables coups de mains, et pour l’énergie et la bonne humeur de tou·te·s les participant·e·s. Plus d’une vingtaine de co-organisateurs (comités locaux des Soulèvements de l’Anjou, collectifs écologistes, syndicats, partis politiques et associations) étaient représentées, et la qualité de la couverture médiatique est plutôt une bonne surprise.

Voilà ce que peut-être un soulèvement : l’assemblage fécond d’un nombre grandissant d’entités distinctes, avançant vers un but commun pour bâtir d’autres modèles socio-écologiques. Une convergence de moyens d’actions et de pression politique, rendue possible en à peine deux mois. Dimanche 2 juillet à Saint-Sylvain d’Anjou, nous étions toutes et tous les Soulèvements de la Terre !

On se retrouve à la rentrée pour imaginer l’acte II et rejoindre d’autres mobilisations locales ? D’ici là, on vous souhaite un agréable été, et gardez les oreilles et les yeux bien ouverts, la défense du vivant ne connaît pas de trêve !!"

Lettre ouverte au président d’Angers Loire Métropole

"Le projet d’édification d’une nouvelle zone industrielle baptisée "la nouvelle océane" à l’est d’Angers, prolonge avec ampleur et presque panache l’expansion spatiale, à l’œuvre sans état d’âme, de la surface artificialisée sur la région (quasi doublement en 30 ans) aux dépens des espaces naturels, des êtres vivants qui en dépendent et des fonctions écosystémiques qu’ils jouent. Le problème est que le contexte a changé et qu’il est plus que temps que nous en prenions bien conscience. La majorité politique d’Angers Loire Métropole continue de penser que nous pouvons encore voir les sols comme une variable d’ajustement pour le développement économique de court terme. Pourtant aujourd’hui des décisions s’imposent pour assurer un avenir sans encombre à notre génération et aux suivantes, dont celle de préserver nos sols vivants. Envisager de tripler, avec ce nouveau projet, la surface de la zone industrielle Océane attenante est clairement un choix inconscient de l’évolution en cours du climat, de l’effondrement de la biodiversité et des mesures radicales qu’ils imposent sans ambiguïté.

L’artificialisation de terres agricoles fertiles et de zones naturelles ne peut plus se justifier pour des raisons stratégiques de développement économique. Ce projet est anachronique et a plusieurs décennies de retard dans un contexte d’effondrement de la biodiversité dont l’une des premières causes est l’artificialisation des sols. Prétendre œuvrer pour la transition écologique avec ce type de projet destructeur du vivant est un bel oxymore. La vraie transition, le vrai courage politique serait maintenant de préserver avant tout ce type de zone naturelle et certainement pas de le détruire et de l’aménager pour des activités dont l’utilité sociale ou écologique n’est aucunement démontrée. Il est urgent de revoir un logiciel dépassé comme le rappelle le secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui a ouvert la COP27 par ces mots : « L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif » et qui l’a conclu ainsi : « la guerre suicidaire contre la nature qui alimente la crise climatique, conduit les espèces à l’extinction et détruit les écosystèmes. ». Préserver les écosystèmes c’est nous préserver car nous faisons partie de la chaine du vivant. La biodiversité nous protège et nous rend des services innombrables (pollinisation, protection contre les virus, contre les allergies...) et irremplaçables.
Les terres agricoles doivent maintenant cesser d’être sacrifiées alors que nous avons plus que jamais besoin d’une production locale, vertueuse sur le plan écologique et créatrice d’emplois. C’est une priorité absolue, bien plus que ces entrepôts, qui stockent des produits manufacturés à l’autre bout du monde dont nous avons un besoin très relatif, et qui vont créer des emplois dénués de sens dans le contexte actuel. Cette zone naturelle de terres fertiles, de boisements, de mares, de haies est d’autant plus importante sur le plan écosystémique qu’elle compte plus de 26 ha de zones humides. ALM communique pourtant sur sa grande préoccupation à protéger ce type de zone sanctuaire pour le vivant. Alors, il ne saurait être question de les détruire ni de les encercler par des routes, des parkings et des entrepôts.

Sur ce territoire où ce projet de « Nouvelle Océane » fut enclenché par M. Béchu, actuel ministre de la transition écologique, il est encore temps d’annuler et de réfléchir à un autre type d’activités qui n’impacte pas les conditions de la vie sur terre. Angers Loire Métropole doit maintenant se placer dans une trajectoire d’exemplarité en la matière pour s’inscrire dans une vraie modernité. Nous vous rappelons qu’actuellement ce modèle de « développement économique » n’est plus soutenable et que si l’ensemble de l’humanité vivait comme les Français, nous aurions besoin de près de 3 planètes... D’ailleurs, le ministre de la transition écologique fait désormais appliquer la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 qui interdit d’implanter de nouveaux centres commerciaux sur des sols agricoles et naturels. Il a le choix, aujourd’hui dans sa ville, soit de montrer la voie à suivre demain en annulant ce projet de zone d’activité de 125 ha, soit de dévoiler la crispation du gouvernement sur un vieux modèle délétère en le maintenant."