Tribune Mouvements sociaux / Résistance

En ébullition politique !



Retour sur la manifestation « sauvage » du 16 mars.

16 mars 2023. Des poubelles jonchent les rues d’Angers et de nombreuses autres villes françaises. Eboueurs en grève. Le nombre de trains circulant ne suffit pas pour répondre à la demande des usagers. Secteur des transports en grève. Des coupures ciblées sont organisées contre des membres du gouvernement pour les priver d’électricité. Secteur de l’énergie en grève.

16 mars 2023. Le gouvernement passe en force la réforme des retraites à l’aide du désormais trop familier 49.3. En clair, la Macronie chie à la geule des milliers de manifestant.e.s et de grévistes qui s’expriment et luttent depuis le 19 janvier. La Macronie - en méprisant les débats parlementaires et surtout les voix de la rue - enterre sans aucun scrupule une démocratie déjà usée et bafouée.

16 mars 2023. 18h30, devant la préfecture d’Angers. Comme partout en France, un rassemblement spontané a lieu pour dénoncer ce mépris. Des centaines de militant.e.s se réunissent pour scander ensemble leur colère et leur détermination. Les poubelles des alentours sont jetées dans la cour de la préfecture et certaines s’accrochent aux grilles, salissant cette institution, ce gouvernement qui lui-même salit nos droits. Enfin, la manifestation s’élance, grossit et avance au rythme de la batucada. Le centre-ville est atteint, puis la mairie ; des poubelles, encore et toujours, sont renversées, éparpillées sur la route ; nos coeurs sont gonflés à bloc.

16 mars 2023. La police, pour ne surtout pas déroger à ses habitudes, intervient et gaze, divise et finit par détruire le cortège. Dans d’autres villes françaises, son intervention est bien plus musclée.

16 mars 2023. A l’échelle de ma vie cette fois. Je crie sur les CRS qui viennent de nous charger. Je leur hurle ma colère et mon incompréhension. Nous luttons pour nos droits, nous ne faisons de mal à personne, nous défendons une définition plus juste de la démocratie. Il faut qu’ils se réveillent ! Rien à faire. Quelques mètres plus loin, alors que nous rentrons simplement noyer nos émotions dans la bière, je suis témoin de mon premier contrôle d’identité. Agressif et déraisonnable.

16 mars 2023. La rage, la haine et le dégoût que m’inspire ce système, et qui ne font que croître depuis quelques années déjà, atteignent un point de non retour. J’ai envie de monter le ton, de pousser la contestation d’un cran, de rejoindre pleinement la lutte, de me fondre dans cette masse de corps vêtus de noir, habités de rage et d’espoir.

À lire aussi