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Quand les miliciens fascistes sont (presque entièrement) relaxés, leurs opposants prennent des coups de LBD.



Ceci fait suite à notre texte intitulé « Les fascistes s’organisent en milice dans les rues d’Angers« . Il revient sur la récente séquence judiciaire qui de facto accorde toutes latitudes aux nationalistes pour exercer leur violence dans la plus grande impunité.

Rappel des méfaits

Pour résumer le vendredi 30 juin les militants nationalistes de l’alvarium/RED agressent des manifestant.es mobilisé.es contre les violences policières. Suite au meurtre de Nahel un rassemblement devant la mairie est interdit par la préfecture et dispersé. S’extirpant du déploiement policier, une cinquantaine de personnes se dispersent en centre-ville. Une poignée arrive en vue de l’alvarium. Armés de bâtons et cagoulés pour certains, les nationalistes se projettent loin hors de leur local et agressent plusieurs personnes dans un déchaînement de violence dont ils sont coutumiers (voir nos autres articles à ce sujet). La coupe est pleine. S’enchaînent plusieurs nuits de tensions et de violences aux abords de leur local bunkerisé que le groupuscule armé défend à l’aide de nationalistes venus d’ailleurs. Chaque soir la colère populaire amène des angevin.es à s’amasser en nombre aux abords de leur local pour régler un problème que les autorités ont sciemment laissé s’enkyster. Il faut souligner la mobilisation massive des quartiers qui en payent le prix fort. Le lundi 3 juillet au soir, deux personnes sont victimes de tirs de LBD en pleine tête par la police qui intervient pour protéger le local des fascistes. L’une perd un œil, l’autre souffre de multiples fractures au visage. Une enquête de l’IGPN est en cours mais comme chacun.e sait les promesses n’engagent que celles et ceux qui y croient. Soulignons que des témoins parlent de collusion de la police avec le groupuscule.

Panique à la mairie

D’habitude si circonspects, les pouvoirs publics sont contraints d’agir sous la pression. Pour mettre fin à ce qu’il convient de nommer une milice fasciste, le 5 juillet, le maire Jean-Marc Verchère prend un arrêté de fermeture administrative de leur local du 31/33 rue du Cornet. Aussitôt publié, les nationalistes (parfois encore cagoulés) déménagent en toute quiétude leurs boucliers barrés de croix celtiques, leurs bâtons et casques de moto, sous le regard de la police municipale.

Les voilà qui chargent des camionnettes pour s’installer au grand jour à 200 mètres de là dans un ancien bar, Le Bazar. Encore un lieu mis à disposition grâce à leur amitiés et soutiens bourgeois (voir notre article précédent).

Un arrêté pour protéger l’alvarium. Les fafs : une espèce en danger ?

De toutes manières l’arrêté en question est pour le moins équivoque. Il s’appuie sur la visite d’une commission de sécurité qui constatant des « manquements graves au règlement de sécurité incendie » (absence de conformité électrique, issue de secours inaccessible, absence d’extincteur et d’alarme, etc.) liste les points à revoir pour lever l’interdiction d’usage « à caractère temporaire » du local. Travaux qui seront menés si nécessaire sans difficultés quand il suffit d’en appeler à la générosité de quelques mécènes. Dans sa rédaction, cet arrêté met en avant la mise en danger des usager.es du local plutôt que celle des voisin.es et angevin.es. Renversement de perspective pitoyable.

Une absence de soutien local

Le temps de la plainte est venu pour les nationalistes angevin.es qui n’ont plus le soutien physique des gudards. Et leur mouvement vers Le Bazar a été fort mal perçu dans une des rues les plus populaires et métissées du centre. Isolés localement, les marques de soutiens viennent des groupes nationalistes amis : Blocco Studensco en Italie, Lyon Populaire, Clermont Non Conforme. Il y a aussi Jean-Yves Le Gallou qui vient à la rescousse. Jean-Eudes Gannat pourra s’épancher sur TV Libertés. Plus surprenant est le soutien de Stanislas Rigault alors que depuis Saint-Brévin Reconquête se gardait d’afficher publiquement sa proximité avec la galaxie des fachos bourrins. À Angers il n’y aura guère que les geignard.es de la Cocarde 49 qui apportent un anecdotique soutien en reprenant une vidéo du RED. Voilà qui fait tomber le masque d’un syndicat « apolitique » qui jusqu’à présent se montrait surtout à la remorque du RN local.

Les larmes après les bâtons

Les plaintes vont se transformer en pleurnicheries quand les violences qui ont tout déclenché aboutissent à des convocations et des GAV pour quatre militants : Jean-Eudes Gannat chef de l’alvarium et désormais du Mouvement Chouan, Gaspard Beaumier (chef du RED qui remplace l’alvarium), Côme Jullien de Pommerol et Théodore Riant. Déférés le 7 juillet ils sont accusés de « participation à un groupement en vue de la préparation de violences » et pour le port de deux battes de base-ball par Beaumier et Riant. Le procès est repoussé d’un mois avec un contrôle judiciaire à la clé. Le procureur demande aussi un maintien en détention évoquant « un trouble à l’ordre public exceptionnel et parfaitement prémédité ».

Demande écartée.

Les militants seront défendus par plusieurs avocats dont notamment Pierre-Marie Bonneau. Le toulousain est l’avocat du CLAN (Comité de Liaison d’Aide aux Nationalistes). Un briscard dont le militantisme d’extrême-droite s’affirme dans les prétoires.

En creux on observe encore une fois que la police a fait le strict minimum dans cette enquête en ne convoquant que les protagonistes non masqués de l’agression du vendredi soir. Le militant italien Zin_gher qui était déjà impliqué dans des violences près de l’alvarium, Hugues Soreau l’un des plus violents avec son bâton et Aurélien Flottes ne seront pas inquiétés bien que reconnus.

On prend les mêmes et on recommence ?

Dans la foulée le 10 juillet les nationalistes déposent en préfecture la dissolution de l’association « Les butineurs de l’Anjou » qui faisait office de vitrine légale au RED pour occuper les locaux de la rue du Cornet à la suite de la dissolution de l’alvarium. Ce qui était bien pratique c’est que cette association avait été fondée par Axel Levavasseur qui est aussi le propriétaire des mêmes locaux… Cela ressemble fort à une manœuvre de diversion et d’apaisement en vue du procès, surtout qu’une association affublée d’un nom aux relents homophobes est prête à prendre le relais : « La Guêpe Ride ».

L’alvarium une milice de « nécessiteux »

Au procès le 10 août, la procureure requiert de 6 mois à 12 mois de prison avec sursis à l’encontre des quatre militants. Elle demande aussi 4 mois fermes pour Jean-Eudes Gannat qui apparaît comme le « général » des opérations et 6 mois fermes pour Côme Jullien de Pommerol pour les violences filmées qu’il commet sur un manifestant. Mais la montagne judiciaire va accoucher d’une souris avec la relaxe et l’exemption d’amendes, à l’exception de Côme qui écope de 3 mois de sursis. Nous vous invitons à revoir la vidéo de l’agression du 30 juin à l’aune de ce verdict pour comprendre avec précision l’expression « justice de classe ».

Pour aboutir à ce résultat, la défense joue tout au long de l’audience l’habituelle ritournelle de la victimisation. Pourtant Côme Jullien de Pommerol aime à jouer au hooligan, se prenant en photo en « forêt » ou se baladant en ville avec sa panoplie casual reçue à Noël. Et Gaspard Beaumier a bien assumé en connaissance de causes sur les réseaux sociaux l’imagerie NSBM (National Socialist Black Metal) la plus abjecte. Les voilà soudainement qui essaient de passer pour des citoyens bien sous tous rapports, plaidant la défense proportionnée et nécessaire. Risible. Nous n’aurions donc devant la justice que de pauvres patriotes accablés par des hordes de gauchistes qui ne leur laissent aucun repos. Discours d’autant plus facile à tenir qu’aucune victime n’est présente sur les bancs pour rappeler qui a pris des coups et qui est allé à l’hôpital ce soir-là (soyons clair.es nous ne les blâmons pas de s’être abstenues). Et, face à un président qui laisse entendre dans les débats que la thèse de la légitime défense n’est pas recevable, la défense change de fusil d’épaule et met en avant « l’état de nécessité ». L’état de nécessité est régulièrement invoqué devant des tribunaux pour justifier des actions de désobéissance civile en particulier pour faire face à l’urgence climatique et écologique. L’imminence de ce danger n’est que très rarement reçue par les juges et pourtant on ne parle pas de violences sur des personnes. Les juges d’Angers vont pourtant avaliser ce glissement grossier et hors-sol. Tout en considérant que l’infraction de « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences » est bien caractérisée, le tribunal statue qu’au nom de l’état de nécessité, les nationalistes ont répondu « sans excès » (juste avec des bâtons et des battes) à une menace constituée de personnes non armées. Ceci justifie la relaxe. Belle démonstration par l’absurde que contre le fascisme il ne faut rien attendre des institutions. Nous ne doutons pas que les nationalistes-catholiques d’Academia Christiana qui vont bientôt se rassembler en nombre à Bécon-Les-Granits près d’Angers pour leur université d’été, avec entre autres choses au programme des sports de combat, vont se rallier à l’avis de la justice bourgeoise.

De manière positive nous retenons que face à la violence fasciste c’est la riposte déterminée des angevin.es, en particulier venu.es des quartiers, qui aura contraint à imposer une fermeture administrative de leur local. Cette colère légitime est toujours présente et ne connaîtra pas d’apaisement de si tôt. Angers est en « état de nécessité » et le contexte appelle évidement à de nouvelles actions pour continuer à mettre la pression et surtout ne jamais laisser les nationalistes se sentir à l’aise dans nos rues.

 [1]->https://raaf.noblogs.org/post/2023/08/20/violences-a-angers-quand-un-fasciste-se-vante-des-violences-quils-ont-commis-et-de-la-decision-de-la-justice-de-classe/]

Article du RAAF

Notes

[1[Et en cliquant ici tu trouveras une petite vidéo !

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