Suite à l’interdiction du préfet René Bidal de manifester dans le centre-ville, qui comprend le point de rassemblement initial prévu par le RAAF place du Pilori, les forces de l’ordre ont été déployées massivement avec 250 unités présentes.
Le rassemblement s’est donc fait au jardin du Mail à 15h, la BAC est déjà là avec une dizaine de membres et des camions de GM (Gendarmes Mobiles) apparaissent boulevard Foch. Juste à côté, place Lorraine, se sont réunis les manifestants pour la paix et le climat qui proposent aux antifas une convergence pour manifester, les gilets jaunes sont également de la partie. Ainsi, plus de mille participants partent en manifestation autour de la zone interdite, des banderoles proclamant la fermeture de l’Alvarium et l’expulsion des fachos se mêlent aux messages pour la paix, le climat, la justice sociale, etc. Tous solidaires dans la lutte !
La manifestation, très encadrée et filmée par les flics, prend la direction du boulevard Foch puis du boulevard Roi René pour ensuite emprunter le Pont de Basse-chaine. En fin de cortège, une première accroche entre manifestants désireux de se rendre sur la rocade et policiers a alors lieu, le barrage tient et il n’y a pas de confrontation. La manifestation se poursuit vers la Doutre avec un arrêt devant le théâtre le Quai, où un festival de musique est en cours, pour une prise de parole totalement inaudible.
On se dirige ensuite vers les Arts et Métiers, le mouvement s’arrête en partie au croisement du boulevard Arago et de la rue Godard Faultrier empruntée par les manifestants pour la paix et le climat, qui se dirigent comme prévu vers la place de la Paix, ce n’est pas de l’avis des antifas pour qui il est hors de question de s’arrêter là ! La gendarmerie, des baqueux de Nantes et la police Nationale s’opposent à ce que l’on continue en direction du pont de Haute-Chaine. Un « SIAMO TUTTI ANTI- FASCISTI ! » (nous sommes tous anti-fascistes) donne le signal et plus d’une centaine de personnes parviendront cette fois à forcer le barrage des flics pour se diriger vers le chemin souhaité. Des « Tous à l’alvarium » retentissent, rythmés par une batucada survoltée, le mouvement reprend avec puissance et nous sommes alors plus de 300 personnes !
Fachos- Flics même combat !
Les fonctionnaires continuent de suivre de près et d’encercler les manifestants. Arrivée au carrefour entre le CHU et le pont de Haute-chaine, la manifestation se voit bloquée par toutes les forces de l’ordre (200). Nous resterons un long moment là, à se regrouper, à clamer toujours plus fort des slogans. Il est finalement décidé de remonter le boulevard Daviers, doucement, les forces de l’ordre suivent le mouvement. Le groupe se resserre, la Batuk reprend, arrivé au carrefour en haut, un coup d’œil est jeté sur la gauche. Grande surprise ! En nous suivant les flics ont totalement délaissé l’accès au pont de Haute-Chaîne !
Les appels retentissent : « Tous sur le pont ! », « Tous à l’Alvarium ! », on siffle, des manifestants se mettent à courir et atteignent le pont sans aucune difficulté ! Dans un mouvement de panique les policiers essayent de reformer les rangs à l’entrée du pont, mais une partie des manifestants est déjà passée. Une deuxième vague, moins rapide, traverse alors la parking Rochefoucaud juste à coté des policiers qui ne bloquent que la route... Perdus sans ordres, ils nous regardent, blêmes, passer à coté d’eux en slalomant entre les voitures du parking.
Le cortège se réunifie et c’est là que les CRS et la police nationale perdent leur sang froid. Les camions nous rattrapent sur le pont, un pauvre flic tente de gazer le groupe en tendant sont bras par la vitre de la voiture. La foule se moque de lui, deux trois personnes sont touchées sans les arrêter pour autant. Les camions filent et tentent de bloquer l’accès au boulevard Carnot, ils n’avaient pas prévu que le groupe de manifestants se soulèverait à nouveau ! Une cinquantaine de personnes se mettent alors à courir et prennent la rocade ! Une poignée de CRS les poursuit et les gaze pendant que d’autres bloquent l’entrée de la rocade au reste des manifestants qui observent, impuissants, une dangereuse traversée en diagonale devant des voitures qui freinent pour laisser tout le monde se rabattre place Molière où la BAC se précipite.
Sur le pont on se regroupe, des voitures sur la rocade klaxonnent en soutien, des passagers font de grands signes de victoire. La manifestation est dispersée et des informations circulent, certains vont retrouver les manifestants place Molière pour les aider car ça commence à chauffer, d’autres vont à l’Alvarium. Les flics ne contrôlent plus rien et on accède à la zone interdite sans aucune opposition. Entre les rues on se disperse vite, rue Maillet on voit des blessés et des manifestants qui ont réussi à sortir de la place Molière. Un des manifestants, la vingtaine, s’est fait gazer et étrangler par un baqueu de Nantes. Il semblerait que les forces de l’ordre, dans leur panique, aient foncé sur les manifestants place Molière ou auprès de l’Alvarium pour protéger le regroupement des Fachos dans leurs local.
Quand les Forces de l’ordre se barricadent avec les Fachos de l’Alvarium
On ne saurait dire qui protégeait qui, ou qui avait peur de qui. Devant l’Alvarium nous constatons qu’une trentaine de CRS protègent les Fachos qui s’amusent devant leur local et à leur balcon. Gilets Jaunes, Insoumis, étudiants et journalistes, tous anti-fascistes et unis, nous faisons face aux CRS bien groupés entre deux murs et trois barrières où s’aglutinnent les derniers manifestants, des slogans fusent : "Police, Fachos, même combat !" Rue du Mail, les voitures sont bloquées, des conducteurs descendent et nous soutiennent. On insulte les policiers mais ils ne bougent pas, un petit CRS chauve, son casque à la main, vient donner des ordres, des manifestant sont prêts à charger. On ne comprend pas le silence qui s’installe chez les forces de l’ordre. Les Fachos rigolent et boivent des coups, certains prennent des photos, les insultes fusent entre eux et antifas. C’est alors que d’autres manifestants nous rejoignent et nous alertent, toutes les forces de l’ordre sont en train de nous encercler et de se resserrer peu à peu sur nous.
Dans la rue St Laud, la police commence à interpeller et fouiller toute les personnes isolées. Sans aucun prétexte, la police semble chercher les quelques bouc-émissaires qui colleraient au mieux à leurs motifs d’arrestation : rébellion, attroupement, visage dissimulé...
Les manifestants se dispersent alors peu à peu, les derniers mobilisés autour de l’Alvarium sont entourés et évacués, le rapport de force est alors d’environ trois policiers pour un manifestant.
Quand les flics cherchent juste à justifier leur présence
Le score du Jour ? 5 arrestations ! Un Gilet Jaune arrêté avant la manifestation et relâché après 6h de garde à vue, un jeune arrêté après s’être fait tabassé et étranglé par un baqueu Nantais. Le troisième aurait, d’après un flic, lancé un projectile qui l’aurait blessé. Ce manifestant écope alors de 6 mois fermes après une garde à vue de près de 48h et une comparution immédiate au TGI (Tribunal de Grande Instance), seuls les propos du flics ont été retenus. Comme par hasard aucune autre preuve n’aura été cherchée, ce n’est pas comme si la place molière était truffée de caméras de surveillance ! Il devra également régler 200 € au flic pour dommages et intérêts.
Le quatrième se fait arrêter en retrait de la manif pour rebellion et visage dissimulé, plusieurs personnes pourront témoigner que ce n’était pas le cas. Il se fera embarquer pour 20h de garde à vue et est convoqué le mois prochain pour avoir refusé un test ADN.
Le cinquième a été filmé en essayant d’aider le deuxième, celui qui se faisait étrangler au sol, puis en fuyant les violences policières. Ce dernier a comparu au bout d’une quarantaine d’heures de garde à vue et est condamné à 80h de travaux d’intérêt général. Ajoutons à cela 300 € pour refus d’ADN, et 300€ au titre de dommages et intérêts alors qu’aucun flic n’a été blessé. Seule la vidéo qui à fait le buzz sur les réseaux sociaux a pu témoigner en faveur du comparu et amoindrir la peine. Nous pouvons applaudir ces plaintes exagérées de policiers pour soustraire de l’argent et de la liberté. Ils se sont surtout sentis humiliés après s’être cassés la gueule tous seuls, les vidéos le montrent bien, entre ceux qui ne savent plus quels sont leurs ordres, ceux qui en perdent leur matraque ou qui se prennent l’abri de l’arrêt de tram. Ils tournent en rond et se marchent dessus, gazent sans discernement !
En soutien de leurs camarades, une bonne trentaine de personnes se sont mobilisées pacifiquement devant le commissariat en chantant, doucement mais sûrement, Le pieu de Marc Robine et autres chansons militantes. Les policiers perdent très vite patience, trois flics de la quarantaine et deux petits nouveaux sortent. Ils essayent de nous impressionner et nous demandement de chanter ailleurs, place Lafayette par exemple. Amusés, nous suivons mot pour mot leurs propos et nous changeons juste de trottoir en continuant de plus belle à chanter. Les trois vieux laissent les deux petits nouveaux devant pour garder la porte du commissariat, ils semblent mal à l’aise avec leur gazeuse à main.
Le groupe est resté mobilisé jusqu’à 23h et est revenu à 6h30 dès le lendemain : « Nous resterons là jusqu’à ce qu’il sortent ! »
Bilan : ce qui à la base ne devait être qu’un rassemblement festif est devenu une manifestation qui a uni les luttes pour la paix, le climat, contre les injustices sociales et le fascisme. Une manifestation qui a vu 250 flics perdus, éparpillés, violents et soutenus par des flics nantais pour... rien ou bien de l’argent foutu en l’air ! Les forces de l’ordre protègent les fachos, qui nous protège pendant ce temps là ?
Fachos hors de nos ville ! Expulsion de l’Alvarium ! Contre les violences policières et la répression injuste que subit notre liberté d’expression ! Pour le retour au droit de manifester librement ! Soutien à toutes les victimes ! Et un grand merci à tous les manifestants présents ce samedi 21 septembre 2019 !