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Solidarité avec les familles du 22 rue du Maine



Communiqué de l’association PSN 49 « syndicat des quartiers populaires » en réponse à un article du Courrier de l’Ouest concernant le campement du 22 rue du Maine.

Depuis juillet 2017 un campement est établi au 22 rue du Maine à Angers. Il abrite plusieurs familles, originaires de Roumanie ou du Kosovo, pour qui la Mairie peine (rechigne ?) à trouver des solutions d’hébergement.

Sous le coup d’une menace d’expulsion depuis le mois de Mars, le campement a récemment fait l’objet d’un article paru dans le courrier de l’Ouest. Il y est décrit les désagréments rencontrés par leurs voisins au 6 rue du Maine où de « respectables » riverains sont indisposés par la misère présente en bas de leurs fenêtres...

A la fin de cet article est citée l’association Pas Sans Nous 49 (PSN49) (lien Facebook) qui apporte son soutien aux familles du campement, voici sa réponse :

Puisque « Pas Sans Nous 49 » est interpellé dans l’article du courrier de l’Ouest du 15/05/2019 sur le 22 rue du Maine, nous répondons. Et nous répondons que nous sommes tristes. C’est un sentiment aussi simple que ça. Tristes et en colère.

Et cette colère, nous pourrions être tenté-e-s de la retourner contre cette volonté, ce désir malsain d’expulser, de mettre loin du regard, des humain-e-s vivant une situation d’extrême pauvreté. Nous pourrions nous indigner de cette attitude consistant à dire « cacher cette misère que je ne saurais voir ». Oui, dans une interprétation simpliste, nous pourrions être énervé-e-s contre des personnes qui voudraient que la misère aille voir ailleurs où elles ne sont pas. Mais non, il nous faut regarder la situation avec plus de profondeur, ne pas jouer le jeu de nous opposer les uns aux autres. Il nous faut, ensemble, ne pas nous tromper de responsables et mieux désigner les vrais coupables.

Oui, nous pouvons comprendre la lassitude que provoque cette situation de personnes laissées pour compte, avec tout ce que cela peut engendrer. Nous aussi, nous sommes lassés des traitements inhumains affligés à nos frères et nos sœurs, par ce gouvernement national et les instances européennes, mais également par nos élus locaux qui pensent fric et chic en place de penser entraide et fraternité.

Oui, que des personnes vivent sur un parking dans des hébergements de fortune c’est inadmissible ! Oui c’est dérangeant ! Oui, nous aussi nous n’en pouvons plus de voir ça ! Mais pas uniquement quand ça se déroule sous nos fenêtres. C’est scandaleux tout le temps et partout ! Alors vouloir les expulser plus loin, ne changerait en rien au quotidien de gens vivant comme ils le peuvent en extérieur et sur du béton. Les personnes du 22 rue du Maine sont laissées dans un tel abandon par les pouvoirs publics au point que leurs poubelles ne sont plus ramassées, au point de difficilement se projeter à l’aube d’une expulsion imminente.Qu’il est difficile, pour un enfant, d’être scolarisé dans de telles conditions !

Oui, la ville pourrait faire installer le minimum nécessaire pour que chacun-e ait accès à l’eau potable et à des lieux d’hygiène, ainsi la cohabitation avec le voisinage serait meilleure. Mais la mairie d’Angers l’a refusé. Dans d’autres villes de France, il existe un accueil humain de l’autre, certains maires font ce choix digne. Chez nous, le maire de la ville d’Angers, sous faux prétexte d’appel d’air, fait le choix du mépris, favorisant ainsi, la haine de l’un contre l’autre. Jeu dangereux qui a toujours servi le populisme démagogique des fascistes.

Nous rappelons aussi que depuis très longtemps, une proposition alternative d’un terrain adapté n’a jamais obtenu de réponse.

Par ailleurs, nous rappelons aussi que de nombreux chargés de famille de ceux et celles qui survivent au 22 rue du Maine, participent à l’économie locale en travaillant en tant que saisonnier-e-s.Nous interrogeons d’ailleurs les politiques européennes qui n’ont pas l’efficacité escomptée en faveur du premier peuple européen que sont les familles Rroms et contre le racisme, l’exclusion et les violences que ces dernières subissent constamment. Au 22 rue du Maine, certain-e-s ne sont d’ailleurs pas Rroms.

D’ailleurs, n’est-il pas trop simple de parler de déni de Justice quand tant d’expulsions ont eu lieu sur Angers ? Parmi celles-ci, nous avons souvent été à la limite du drame humain qu’il s’agit à chaque fois d’éviter. Que dirons-nous lorsqu’un drame arrivera ? Nous pouvons donc saluer la responsabilité préfectorale à essayer de respecter les procédures qui obligent à un diagnostic social et à l’application des droits communs et fondamentaux, en le souhaitant à toute autre situation similaire. Nous ne voyons pas pourquoi les personnes du 22 rue du Maine en seraient exemptes. Et quand on est expulsé de la rue, après c’est le caniveau !

Surtout, nous indiquons qu’un appel en Justice a été formulé auprès du tribunal de Grande Instance d’Angers contre la décision d’expulsion. L’audience aura lieu le 24 juin à 14h.

Nous nous réjouissons que des acteurs institutionnels respectent ce suivi de la Justice, ce qui n’empêche pas la recherche commune de nouvelles solutions. Et ces solutions, comme les expressions, doivent, toutes, prendre en compte l’avis des personnes concernées. Car faire sans eux, c’est faire contre eux !

En conséquence, et pour répondre, nous demandons à toutes les personnes qui ne supportent plus ce mépris d’un droit constitutionnel [1] de ne pas tourner leur ras-le-bol contre ceux et celles qui subissent ces aberrations mais, avec nous, de la tourner contre les élus qui génèrent partout en France des « 22 rue du Maine », quand il y a de nombreux logements vides sur Angers et dans notre pays.

Soyons plus intelligent-e-s, plus respectueux de l’Humain et faisons alliance pour exiger un Droit Au Logement pour tout le monde sans distinction d’origines !

PSN49 DAL HLM
Rroms Anjou

Notes

[1La Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 reconnaît dans son article 25-1 que le droit au logement fait partie des droits sociaux : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ».

En France, le droit au logement est un droit constitutionnel, qui découle des 10e et 11e alinéas du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946.

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