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Lettre ouverte de sans-abris sur Angers



Des sans-abris angevins publient une lettre ouverte afin d’alerter l’opinion et les instances publiques sur les difficultés rencontrées au 115.

Nous sommes les personnes sans abri à Angers et, bien que peu connu, il existe un centre d’accueil de nuit pouvant nous abriter.

Ceci dit, il existe beaucoup de failles que nous souhaitons relater au nom de la multitude de personnes ni ayant pas accès par manque de places ou par refus non expliqués. Cette situation est vécue chaque soir par des familles avec ou sans enfants, des hommes et des femmes isolé-es.

Nous vivons dans l’angoisse, le stress, la peur permanentes du fait qu’il faut appeler le centre d’appel qui gère les places (le 115) chaque matin dès 8h pour espérer avoir un lit le soir même. Si ce n’est pas le cas, nous devons rappeler à 18h, puis à 20h30.

Voici une de nos journées :

Il est 6h30, on nous réveille en hurlant et en tambourinant sur la porte. A 7heures, c’est l’heure du petit déjeuner. Dès 7h30, nous devons obligatoirement avoir quitté les lieux avec tous nos bagages. Du lundi au vendredi, les personnes majeures se rendent au Point Accueil Santé Solidarité, un lieu municipal à 300m de la halte où il est possible de prendre une douche et de faire sa lessive, à condition d’arriver parmi les premiers. Les familles ayant des enfants n’ont pas accès à ce service, elles doivent donc marcher jusqu’à la Roseraie pour obtenir ce droit.

Le PASS ferme à 11h30, mais étant donné qu’il faut être au plus tard à 11h dans les associations qui distribuent de la nourriture gratuitement aux sans-abris dans différents coins de la ville (rue du Pré Pigeon et rue de Crimée) nous devons le quitter à 10h30.

En cas de rendez-vous administratif le matin, pas de douche, pas de restauration.

L’après-midi, contraints d’avoir toutes nos affaires en permanence avec nous, car la bagagerie du PASS est saturée, nous sommes peu mobiles pour se rendre dans les différents dispositifs ouverts l’après-midi. Par solidarité, certaines personnes se relaient devant la halte de nuit pour garder les affaires des uns et des autres, pour que tous puissent à tour de rôle profiter des dispositifs existants et se rendre à leur rendez-vous. Et ce ceci est d’autant plus vrai aujourd’hui, car un midi, alors que le lieu était désert, les forces de l’ordre, missionnées par le Directeur Départemental de la Cohésion Social se sont rendues sur place. A notre retour, nos biens personnels (couvertures, vêtements, documents importants, jeux des enfants…) avaient disparus.

Entre 18h et 19h, tout le monde doit être de retour pour pouvoir manger. Des bénévoles se rendent sur place chaque jour pour servir le repas à l’extérieur. On mange debout ou assis par terre, faute de commodité. Sur place, il n’y a pas de sanitaires.

20h, ouverture du portail pour ceux qui ont obtenu leur place. 20h30, le stress monte pour les personnes refusées de nuitée. 21h, les bénévoles volontaires cherchent des solutions où les familles sont prioritaires. Malgré leur solidarité, certaines personnes restent dehors jusqu’au lendemain matin qu’il vente ou qu’il neige. Cette situation est dure pour tous, mais d’autant plus pour les enfants, les femmes enceintes et les personnes à mobilité réduite.

Nous ne voulons plus survivre, subir, mais enfin vivre !

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