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Angers - grève Féministe !



Ce mardi 8 mars a eu lieu une manifestation féministe pour le droit des femmes et des minorités de genres ! Malgré la pluie et les éclairs, un bel arc-en-ciel est apparu au dessus des 500 personnes présentes dans les rues d’Angers.

Il est 18h et une vingtaine de voix s’élèvent en haut des marches du théâtre, la chorale féministe (en mixité choisie sans hommes cis) Louise sans michel, vient d’ouvrir le rassemblement féministe, place du ralliement.

Près de 500 personnes se sont réunies, la batukada et la rosalie de Solidaires ont rythmé la manifestation qui a pris un chemin accessible à tous.tes de manière déterminée. La tête de cortège en mixité choisie sans hommes cis, a avancé de manière déterminée en scandant avec puissance notre colère de ce monde d’oppressions.

Marchons sur le Patriarcat !

« Si on s’arrête, tout s’arrête » à 15h40 un appel national à la grève comme chaque année, marque l’heure à laquelle les femmes travaillent gratuitement chaque jour !
Non ce n’est pas une question de muscles, de couilles ou de cerveaux, au contraire ! Les femmes sont payées en moyenne 26% (selon le Dares de 2012) de moins que les hommes. Elles sont le plus souvent sur des métiers précaires, en temps partiels ou encore pour des mêmes diplômes et mêmes missions auront des salaires dévalorisés.

Cette journée, initialement appelée la « Journée des travailleuses », a été initiée en 1910 suite aux manifestations et grèves massives des femmes ouvrières en russie à Petrograd contre la guerre. Cette même révolution qui amènera la chute du Tsar Nicolas II. C’est à l’initiative de Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï que cette journée marqua le futur et deviendra par la suite la « Journée internationale de lutte pour les droits des femmes » ! Alors gardez vos roses et vos sourires condéscendants et laissez-nous brûler le patriarcat comme il se doit !

Car de plus en plus on voit le capitalisme reprendre cette date et l’écraser, comme l’entreprise Irigo à Angers qui à osé comme les années précédentes offrir des roses aux 50 premières femmes qui prenaient le bus ce 8 mars... et pourquoi pas de la brioche tant qu’on y est !

Dans les médias ...

Un rapport a pu montrer que sur la part des femmes présentes dans les médias toutes catégories confondues, nous sommes à seulement 36% de temps de parole (plateaux et hors plateaux) chiffres stagnants entre 2019 et 2022. Elles sont 46% à la télévision et 42% à la radio. Ce dernier rapport de l’Arcom nous permet d’observer que les femmes sont néanmoins plus nombreuses sur les médias (de 39% à 44% entre 2018 et 2022) mais que le temps de parole ne bouge pas. Elles sont donc plus nombreuses mais elles ont moins la parole...

Nous ce qu’on veut c’est la fin des oppressions de genres, de races et de classes !

On veut la suppression des inégalités salariales mais surtout la reconnaissance des métiers invisibles, la revalorisation des femmes et des minorités de genre dans l’ensemble des métiers.
Les chiffres, non exaustifs, sont accablants : 94 000 femmes sont victimes de viol ou tentatives de viol chaque année (tout en sachant que les autres minorités de genres ne sont pas malheureusement pas prises en compte ici...) 213 000 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint chaque année. Ces violences et ces oppressions sont quotidiennes. Pendant la marche certains hommes cis apeurés nous ont insulté·es de « mal baisé·es » ; « elle font chier à encore gueuler » et autres stéréotypes et insultes sexistes.

La lutte féministe c’est toute l’année et c’est une lutte contre les oppressions ! Il n’y a pas de féminisme sans les personnes trans, il n’y a pas de lutte sans les putes !

De même que nous ne parlons pas assez de toute les femmes sans papiers qui nettoient chaque matin vos bureaux, vos salles de sport et vos écoles et qui sont sûrement celles qui ont reçu vos minables roses à l’ouverture des lignes de bus ce mercredi 8 mars 2023...

Aaaaah... Angers, la ville où il fait bon d’être blanc !

Angers a lancé son mois du genre où la culture et les spectacles redorent l’image du féminisme bourgeois local. Vous pourrez observer, entre les boutiques de lingerie et les magasins qui exploitent les Ouïghour, de magnifiques totems blancs rendant hommage aux femmes blanches dites « féministes ». Est-ce féministe de faire carrière ? Est-ce féministe que de donner le nom de quelques femmes pendant 1 mois alors que la rénovation de la ville d’Angers n’a pas laissé la place pour graver leurs noms sur les plaques de rues de manière permanente ? Où sont les hommages aux femmes mortes parce que l’avortement était illégal, où sont les hommages pour les femmes ouvrières, les femmes sans carrière, les femmes à la rue, les femmes sans enfants et celles qui les élèvent seules, les femmes racisées, ...toute ces femmes exploitées, qui survivent d’une force inouie et qui ferment leurs gueules pour survivre ? Ce sont toutes ces femmes qui font qu’Angers brille, qui devraient être sur ces totems, et la place du Ralliement n’en serait même pas assez grande !

Comme le disait Françoise d’Eaubonnes, comment pourraient-ils respecter nos corps s’ils ne respectent même pas celui de la planète Terre qui leur permet de vivre ? C’est lorsque nous pourrons tous·tes vivre ensemble sans oppressions, sans violences, sans frontières que nous pourrons enfin cesser de lutter.


Féministe tant qu’il le faudra !

Je vous propose de terminer par un extrait d’une des oeuvres de Bell Hooks "de la marge au centre- théorie féministe" :

« Nous devons concentrer nos efforts sur la transformation de la culture : sur la destruction du dualisme et sur l’éradication des systèmes de domination. Notre lutte sera longue et progressive. Tout effort visant à faire la révolution féministe ici peut s’inspirer de l’exemple d’autres luttes de libération menées à travers le monde par des personnes opprimées qui résistent à des puissances colossales et redoutables. L’élaboration d’une vision alternative du monde est indispensable à la lutte féministe. »

La lutte continue ! Chaque jour, chaque minute, sans trève tant qu’il le faudra !

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