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Marche des solidarités : dAngers à l’Elysée



L’acte 3 de la marche des solidarités a débuté le 19 septembre à Marseille puis a été rejointe par des personnes partout en France. Les marcheurs/euses convergent vers l’Elysée, arrivée prévue samedi 17 octobre. Pour le Grand ouest le départ a eu lieu le 3 octobre de Rennes, un groupe d’angevin·es y participe. Témoignages de l’intérieur.

La marche des solidarités s’est organisée pour demander la régularisation de toutes et tous les sans papiers, la fermeture des centres de rétention administrative (CRA) et un logement digne pour toutes et tous.

Depuis le 19 septembre, suite à l’appel de 20 collectifs de sans-papiers, de la Marche des solidarités, des États généraux des migrations et de plus de 230 organisations, des marcheurs/euses progressent depuis les quatre coins du pays pour atteindre Paris et rejoindre la grande manifestation le samedi 17 octobre.

Un groupe d’angevin·es a rejoint Rennes le 3 octobre pour débuter la marche du Grand ouest aux côtés de sans-papiers, d’associations et de syndicats. Une trentaine de personnes sont ainsi parties pour une première semaine de marche, direction l’Elysée !

Une banderole ouvre la marche, des slogans sont scandés. « C’est pas les immigrés, c’est pas les sans papiers, c’est la loi qu’il faut changer ! » Les manifestant·es parcourent de 10 à 30 km par jour. Le rythme de la marche s’avérant hétérogène le planning est remodelé au fur et à mesure, certains retards sont rattrapés par des trajets en voiture. En arrivant à Alençon, iels sont une soixantaine.

Carte disponible ici : https://marche-des-sans-papiers.org/

De villages en villages le cortège est accueilli par des habitant·es solidaires et notamment la confédération paysanne. Les participant·es se sont ainsi retrouvé·es, le mardi 6 octobre, chez un producteur de pommes pour un grand banquet du côté d’Ernée. Ces rencontres permettent un partage d’expériences de vie, sans-papiers et soutiens racontent la vie en squat, les lourdeurs administratives, les chemins parcourus pour arriver en France. Les participant·es peuvent aussi expliquer des problématiques spécifiques comme le statut Dublin ou le droit des mineur·es isolé·es.

Un·e participant·e témoigne : « Il n’y a plus depuis longtemps de manifestation dans les villages, les habitants connaissent les contestations par les médias, ce qui ne représente pas la réalité. Ça les questionne, certains applaudissent et d’autres nous rejoignent le temps d’une journée. »

Lorsqu’iels ne s’arrêtent pas chez les habitant·es le RAARE, avec un camion prêté par Emmaüs Angers, s’occupe des repas le midi. L’association, aidée par des marcheurs/euses volontaires, propose des repas végétariens : « avoir des plats chauds c’est important et ça fait du bien après quelques heures de marche sous la pluie. »

L’hébergement de nuit se passe chez les habitant·es ou dans des salles de fêtes mises à disposition par les associations ou organisations. Les soirées sont animées, le 11 un spectacle est même joué : « Nés quelque part » de Mathieu Barbances, ses chansons racontent le périple d’un petit garçon depuis la Syrie jusqu’à Paris.

Le lendemain, une manifestation a eu lieu à Nogent le Rotrou depuis la gare jusqu’au centre ville. Dans la joie et la bonne humeur des slogans sont scandés : « on est jamais fatigués, rien ne nous arrêtera » et « aucun être humain n’est illégal ». Pendant la manifestation qui a rassemblé 200 personnes, les « Têtes de piafs », Marie Pétrolette et des chanteuses de la compagnie « Jolie môme » ont interprétés des chansons créées pour l’occasion. S’en est suivie une soirée festive à la salle Simone Veil animée par la batucada de Bellême. Le repas était assuré par le RAARE avec des légumes fournis gratuitement par des maraîchers locaux.

On vous partage le témoignage d’Hassan, sans-papier : « je suis ici depuis 2018, j’ai fait ma demande d’asile à Angers et je n’ai toujours pas de papiers aujourd’hui. J’ai vu beaucoup d’associations, je passe mes nuits au 115 depuis des mois. L’organisation de cette marche Angers Nantes Rennes, on a commencé ensemble ça fait du bien, c’est vraiment impressionant avec beaucoup de soutiens. Avec des gens sympas et des associations que je remercie vraiment. C’est difficile tout ça et je n’imaginais pas que ça se passerait comme ça. Merci d’avoir initié cette idée, on est motivés, c’est une marche nationale, c’est partout en France et on va se retrouver à Paris. C’est très important pour nous les sans papiers de voir et faire cette marche, de voir que ceux qui ont des papiers se battent pour nous et avec nous. Du fond de mon cœur merci, j’aimerais que tous les sans papiers qui voient cette marche sur les réseaux sociaux nous rejoignent à Paris le 17 octobre. Toutes les chansons qu’on chante c’est pour montrer tous les problèmes qu’on a. Sans papiers on a pas de logement, pas de travail, on a rien. C’est différent, on découvre la France, il fait froid. C’est vraiment difficile et c’est important qu’on puisse en parler et qu’on puisse le chanter, se motiver pendant la marche et s’exprimer. C’est vraiment pas facile, merci. Depuis Rennes c’est comme ça, on nous invite, on nous aide, je ne sais même pas comment c’est possible ! »

"Pierre par pierre, mur par mur, Nous détruirons les centres de rétention !"

Le mercredi 14 octobre les marcheur/euses parviennent à proximité de Versailles, un rassemblement a eu lieu devant la préfecture.

Une centaine de personnes ont ensuite marché 13 km pour manifester directement devant le CRA qui se trouve à Plaisir.

La fermeture des CRA est l’une des revendications majeures de la marche. Ces centres aux conditions d’enfermement déplorables et indignes ne devraient plus exister. Ils sont même facteurs de dégradation psychologique pour les personnes enfermées. Ce sont souvent plusieurs semaines d’incarcération avant qu’elles soient renvoyées dans le pays qu’elles avaient quitté avec difficulté. Des pays où la guerre, l’esclavage, la précarité, la famine, la soif les attendent. La France continue ces renvois inhumains, c’est une honte ! Les marcheurs/euses en appellent à la responsabilité du président et demandent donc la régularisation de tou·te·s les sans papiers, un logement digne pour tou·te·s et la fermeture des centres de rétention administratifs !

Samedi 17, la marche des solidarités du Grand ouest va rejoindre toutes les autres venues des quatre coins de la France. Le rendez-vous est a 14h place de la République pour partir en manifestation jusqu’à l’Elysée.

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