La poucave, le déserteur et les bouffons du roi : actualités, déménagement et écroulement d’un groupe fasciste rennais.
Créee en 2022 à l’occasion des élections présidentielles, l’assemblée générale antifasciste de Rennes s’est donnée comme objectif de faire de l’antifascisme la question de tous.tes, et de nuire à toute tentative d’implantation de l’extrême droite, qu’elle soit institutionnelle ou non. De là ont découlé nombreux événements : AG réunissant plusieurs centaines de personnes, manifestations à Rennes contre les élections, rassemblement à Bruz contre la venue de Bardella, veilles antifascistes en ville à chaque événement proposé par l’oriflamme, déplacements dans différents villes du grand ouest (Saint Brevin, Le Mans, Nantes etc), rassemblements lors de procès de fascistes, participation aux différents mouvements sociaux... bref la liste est longue.
Le choix de s’organiser en assemblée générale aura eu de nombreux impacts négatifs pour nos nazillons locaux et notamment l’oriflamme (scission de l’Action Française Rennes née en janvier 2023 d’une volonté de mener des actions plus radicales, leur première action a été de nettoyer des tags sur les églises rennaises...
La création d’un espace où parler d’antifascisme s’est avéré être un moyen efficace pour se réapproprier cette question politique et réfléchir à ses enjeux. Cette assemblée permet à tous.tes de participer à la veille générale, visant à épier chaque faits et gestes de nos nazis en carton et de récupérer nombres d’informations essentielles.
La personne la plus apte à en parler est peut-être Paul Carton, alias Marc Visada, chef de l’oriflamme, qui à l’automne dernier s’exprimait ainsi sur le site d’extrême droite Breizh info : « Qui est au courant que le soir de notre lancement, 150 antifas ont tourné dans la ville sans relâche dans le seul but de nous attaquer ? Qui est au courant que ces énergumènes organisent des manifestations non-déclarées lors de chacun de nos évènements ? Qui est au courant que durant nos collages, les antifas nous traquent avec des camionnettes remplies de gauchistes surarmés ? ».
En plus d’éviter que les fafs, la police et la justice se focalisent sur une poignée de militant.es antifascistes isolé.es, l’esprit de vigilance collective produit par l’AG a peu à peu créé un sentiment d’étouffement et de paranoïa au sein de l’oriflamme : les sas sont nombreux avant d’accéder à leurs rendez-vous, rejoindre leur organisation est laborieux, les militants sont formellement privés de sortie de leur domicile par leur chef les soirs de veille antifasciste car « si y en a un qui se fait goumer par les antifas je [Paul Carton] le goume moi même ensuite ». Terrorisée à l’idée d’être repérée, l’Oriflamme en vient même à annoncer publiquement de faux rendez-vous, leurs conférences étant annoncées à une date et une heure mais ayant lieux à un autre moment (et tant pis pour leurs militants qui n’auraient pas eu le mémo...).
Reclus, isolés et repoussés plus loin de Rennes, ils organisent péniblement un minable déploiement de banderole à l’occasion d’un événement drag dans une médiathèque à Saint-Senoux en mai 2023, ou rejoigne encore un rassemblement réclamant justice pour Thomas à Laval en novembre 2023 - Rennes étant selon leurs propres mots trop dangereux « à cause de la faune locale » - avant d’avoir une idée de génie : s’installer dans un local avec génération Zemmour afin de poursuivre leurs activités.....mais en banlieue de Rennes, entre les bureaux vides et les sociétés de location d’engins de chantier, à 40 minutes en bus, histoire de ne pas prendre trop de risques...
Loupé ! En novembre, comme raconté plus en détail dans un de nos précédents posts, l’AG Antifasciste ira leur rendre une petite visite en cortège.
Le lendemain, c’est un article de Mediapart qui révèle qu’un membre actif de l’Oriflamme est en réalité une grosse poucave qui sert d’indic aux flics... Une rude semaine pour le petit groupe, déjà malmené par les résistances locales à leur idéologie nauséabonde.
Et depuis qu’en est-il ? Plus aucun événement publique annoncé depuis novembre, ils’agit de la plus longue pause depuis la création du groupe. Quelques fantômatiques apparitions à droite à gauche - souvent très à droite -, notamment une photo floutée postée sur les réseaux (une photo équivalent sera publié non floutée dans la presse) d’un rassemblement à Dol de Bretagne, à plus de 50km de Rennes, où l’AG antifasciste était d’ailleurs présente.
Cette débâcle se termine enfin par le déménagement de leur chef au Mans, lequel organisait pourtant il y a quelques mois une conférence au titre glorieux : « Qu’est ce qu’être un soldat politique ? ».
Réponse : partir pleurer chez ses parents, sur sa terre natale, loin de l’agitation de rennaise.
La stratégie d’harcèlement que nous avons adopté a porté ses fruits. Elle permet de rendre la lutte antifasciste plus abordables pour beaucoup de personnes et permet de ne pas rentrer dans une logique d’affrontement seulement physique qui peut-être un moteur pour les fascistes adeptes des bagarres de rue.
De l’effacement des tags d’église aux participations à des chorales nationalistes, l’existence de l’Oriflamme n’aura pas été marqué de grands faits d’armes, et leur idées d’un autre temps auront fait pétard mouillé face à une mobilisation antifasciste déterminée.
L’Assemblée Générale Antifasciste de Rennes est bien plus efficace que les tristes appels à l’aide de l’Etat de la part de la gauche : les demandes de dissolutions, de fermetures de locaux ou de condamnations par la justice ont peu d’impact sur l’organisation de l’extrême-droite. De plus, ces demandes incessantes renforcent des outils répressifs qui se retournent à chaque fois contre le mouvement social.
Pour un antifascisme puissant, chacun doit pouvoir prendre part à la lutte, sans en délégué la tache à l’Etat ou à des spécialistes !