Dans la nuit du 2 au 3 juillet 2022 une petite bande de militants d’extrême droite s’en prend à notre local, « Le 21 » situé rue Maillé à Angers. Cet espace abrite une librairie sociale et militante, « Les Nuits Bleues », ainsi qu’un atelier de réparation vélo, « La Tête dans le Guidon ». Les fascistes locaux s’en sont toujours pris à nous (dégradations, menaces), c’est simple nous représentons tout ce qu’ils/elles détestent, des valeurs de solidarité et de justice sociale pour faire bref et comme nous l’avons déjà largement exprimé.
Paul P., passé par les rangs des petites frappes nanties de l’Alvarium et parmi les fondateurs de la succursale versaillaise Auctorum, sera le seul qui finira devant un tribunal correctionnel. Condamné il a fait appel et le jugement est tombé ce 19 mars. Le premier jugement est très largement reconduit : 4 mois de sursis, 500€ de préjudice moral, la charge de nos frais d’avocates (un peu moins de 2000€), une interdiction de port d’armes de 5 ans, une interdiction de paraître à Angers pour 2 ans, et surtout la charge de rembourser la totalité des frais de réparation du local soit 4617€ et des poussières.
Nous retenons que les motivations politiques derrière le geste de Paul P. ont largement été reconnues tant elles étaient patentes. Le jugement parle d’un « contexte visant à effrayer ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions ». Pour instaurer un climat de peur c’est raté tant le commando de pochtrons s’est montré pathétique. Mais, on reconnaît bien la stratégie favorite de l’extrême droite radicale et sa fascination pour une violence sans limites. Surtout, cette motivation politique a été avouée par l’avocat du prévenu qui, s’étonnant de l’anonymisation massive des données sur des documents bancaires que nous avons fourni à l’audience, répondra de lui-même dans la foulée qu’à la fois il est compréhensible de se protéger quand on est visé de manière récurrente. Rare expression de vérité sans doute largement facilitée par l’absence de Paul P. à l’audience qui n’a même pas cherché à expliquer lui-même son geste. Et l’avocat de souligner dans la foulée que même dans le marais nationaliste le geste de Paul P. avait été diversement apprécié. Rappelons que le Red, héritier et continuateur de l’Alvarium, s’était empressé de dire qu’il ne connaissait pas les interpellés. Alors même qu’aucun nom n’avait encore paru publiquement. Même pas dessaoulé Paul P. était lâché par ses petits camarades. C’est beau de voir cette fraternité nationaliste virile qui sent le vestiaire s’écrouler au premier grain de sable.
La justice bourgeoise ce n’est pas notre dada, nous y sommes allé.es à reculons pour espérer revoir notre argent (ce qui n’est pas fait mais on se donnera les moyens), néanmoins nous avons lu avec de petits ricanements la partie de l’arrêt qui souligne à propos du prévenu « son obstination à nier envers et contre toute évidence, quitte à se ridiculiser en infligeant des explications aberrantes ». Il est vrai que Paul P. n’a pas été très convaincant quand il a fallu expliquer pourquoi il se baladait en ville avec une gazeuse dans une poche et un marteau « trouvé dans l’après-midi en bord de Maine » Il n’avait pas été plus convaincant en garde-à-vue tentant minorer son engagement militant alors que son téléphone le trahissait en dégueulant de photos de croix celtiques et autres stickers d’Auctorum.
Bref, le ridicule ne tue pas mais nous le savions déjà, tout comme l’extrême droite locale (aussi peu outillée intellectuellement soit-elle) devrait déjà savoir depuis longtemps que les menaces ne nous ferons pas plier.